Gore to the picture
Pour être la première puissance mondiale, il faut forcément être plus malin que les autres. Ça pique un peu de l’admettre, mais c’est un cercle vertueux - ou vicieux, selon le point de vue adopté :...
le 7 août 2021
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A l’opposée totale d’un précédent film tiraillé entre la vision d’un réalisateur et celle d’un studio, "The Suicide Squad" de James Gunn est d’une étonnante liberté au point de s’en demander ce qui s’est passé chez les studios de la Warner pour créer un film pareil.
On ne va pas s’en plaindre puisque cette « suite » est une belle réussite.
Il faut, d’abord, souligner le fait que James Gunn a compris son sujet et ses personnages, déjà par le ton pris par le film puis par le traitement des protagonistes au cœur d’une histoire surréaliste à l’image d’un ensemble extrêmement cohérent et décomplexé.
Ce qui saute aux yeux, c'est la liberté de James Gunn sur son film. Il fait littéralement tout ce qu'il veut, allant même à construire son film avec une narration décousue ou chapitrée. Cela donne de l'ordre à un ensemble fourmillant d'idées scénaristiques, même si du sens aurait été toutefois présent sans un découpage en chapitre quelconque. Le film n'en reste pas moins intéressant à suivre de cette manière.
La vision de James Gunn est intéressante puisqu’il montre des personnages ridicules, devenant héroïques dans des situations elles-aussi ridicules, ou alors des situations qui se terminent sur une humiliation quelconque du personnage. Et à ce niveau, l’attachement pour les principaux protagonistes se fait assez facilement, ces derniers étant plus ou moins bien développés en même temps que l’avancée du récit.
Si le fond reste classique, l’histoire n’apportant rien de bien nouveau dans ses grandes lignes, il est facile de se satisfaire du récit proposé car bien mis en scène, fluide et sans temps mort mais surtout, bourré d’idées inventives en tout genre. Chaque scènes possèdent son lot de petites inventions venues tout droit du cerveau sans limite de James Gunn. Il faut aussi dire que dès les premières minutes, le ton est donné, la plongée dans cette mission suicide est brutale, sans explication dans un premier temps, l’ouverture est là pour frapper fort.
Néanmoins, trop d’idées, trop de liberté, ça donne aussi des éléments de mauvais goût et une forme de ridicule bien présente. Le cinéaste en est conscient et surfe sur ce ridicule pour l’inscrire au centre de son récit, et de ses personnages comme dit plus haut. La menace du film, certaines séquences et actions, tout cela alimentent le côté divertissement vraiment assuré du film, en même temps qu’un côté fun et non prise de tête qui s’attache bien avec l’idée générale de l'œuvre.
A ce niveau, le réalisateur a compris son sujet. Il emploi le ton adéquat pour permettre à son histoire d’être convaincante malgré les flots d’absurdités terribles qui construisent l'intrigue. L’humour très peu fin, parfois lourd mais jamais de trop, en est un bon exemple. Cet humour trouve une place de choix dans ce récit car le cinéaste a préparé le terrain en amont et ses personnages, pour recueillir ce genre de réflexions ou séquences humoristiques grossières. Ce qui n’est pas le cas d’un bon nombre d’autres films actuels du genre.
Tous ces ingrédients permettent de construire un film égal sur la durée et qui ne s’essouffle jamais, qui sait créer des moments forts, d’autres plus légers comme plus lourds mais qui ne font jamais pencher la balance vers le négatif, et même des moments plus émouvants qui s’intègrent correctement à l’ensemble. Le fond de l’histoire de réinvente rien, le film réussit même à éviter une forme de manichéisme trop appuyé car la gestion des relations est bonne. Le ridicule pleinement assumé fait partie intégrante de l’œuvre et la dose de liberté prise par James Gunn permet de renouveler un peu ce genre qu’on ne cesse de voir revenir chaque années de la même manière.
Le cinéaste James Gunn fait aussi preuve d’une grande inventivité pour sa mise en scène. Ne serait-ce dans les mouvements de ses caméras, pour filmer simplement des séquences calmes, avec une caméra toujours en mouvement pour ne jamais casser le dynamisme installé depuis le début. Quand l’action arrive, la réalisation explose et les idées fusent de toute part. (Harley et ses fleurs, une pluie soudaine pour créer l'épique, un Bloodshot qui descend les étages d'une manière très surprenante bien que badass comme il faut...) Cela permet de créer un grand spectacle qui ne cesse de surprendre dans ses idées scénaristiques, dans le rythme des combats, comme dans le visuel, par les effets spéciaux toujours très convaincants ou encore la façon de filmer toute cette action.
Le film fait aussi preuve d’une violence gore qui fait plaisir à voir dans ce genre de film. Il ne se cache pas pour montrer la violence des combats et le sang qui coule. Les gros plans sont même présents pour ça. On sent un James Gunn très heureux de sa liberté et laisser son imagination prendre le dessus.
Pour cela, le réalisateur fait venir des personnages nouveaux, des visages que l’on ne connait pas spécialement et qui surtout, se prêtent bien au ton du film et à l’histoire. Des loosers magnifiés puis ridiculisés. Des personnages aux capacités souvent douteuses mais qui s’en sortent. A ce niveau, Gunn a compris ce qu’était la Suicide Squad. Derrière elle, un beau casting est présent (et Harley Quinn est plus supportable que dans celui de 2016...)
Secondé par une superbe bande son, "The Suicide Squad" fait un bien fou. C’est le foutoir maîtrisé, ça sort de partout, la menace est absurde, c’est grossier et violent, ça ne s’arrête jamais et c’est toujours accompagné d’idées, ce nouveau film du DcComics Extended Universe s’illustre comme un des meilleurs de l’univers.
8/10
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Créée
le 30 juil. 2021
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