Gore to the picture
Pour être la première puissance mondiale, il faut forcément être plus malin que les autres. Ça pique un peu de l’admettre, mais c’est un cercle vertueux - ou vicieux, selon le point de vue adopté :...
le 7 août 2021
73 j'aime
1
C'est fou ce que l'ajout d'un seul mot dans un titre peut tout changer.
Car en 2016, Suicide Squad, c'était le fond du panier du film de super. Tandis que, comme d'hab' quand il s'agit de mauvais goût, le masqué avait pourtant décidé de voir le verre à moitié plein et de sauver certaines choses. Même si une sorcière qui twerke dans le brouillard, cela fait désordre, il faut bien le reconnaître.
En 2021, avec The Suicide Squad (avec le The rajouté, donc, suivez un peu), on a l'impression que James Gunn fait table rase du passé, tout en racontant exactement, pourtant, la même chose que David Ayer cinq ans plus tôt.
Sauf que c'est le jour et la nuit.
Car le film porte la patte de James Gunn, à l'évidence. Qui encore une fois, prend l'oeuvre à bras le corps et la fait sienne, en la rapprochant dans un même mouvement tant du côté fun et rigolard des Gardiens de la Galaxie que du côté étrange et méchant de son Super. En dynamitant dès les premières minutes les attentes du public.
Car The Suicide Squad porte en lui, tout simplement, une identité. Une identité tout en rupture de tons, d'étrangeté, et qui marie chaque élément de manière harmonieuse, sans qu'une pièce du puzzle ne jure, ou encore tire la couverture, comme par exemple une soundtrack bourrée à l'excès de tubes gratuits, ou un show de comédien égoïste qui veut se remettre en selle ou percer.
On sent l'amour de James Gunn pour sa matière comics et pour ses personnages, même les plus improbables et casse-gueule graphiquement. Aucun n'est laissé sur le côté. Tout en se montrant assez surprenant pour démastiquer sans remord son casting original, à l'image d'une scène d'action inaugurale sauvage qui n'hésite pas à convoquer de l'anti-héros que Marvel n'oserait jamais montrer, sauf à servir de faire-valoir dans Deadpool 2.
On sent aussi l'humour vachard, parfois idiot, mais tellement fun à l'écran que cela ne peut que passer comme le petit Jésus en culotte de velours. Dans ce domaine, le traitement de King Shark s'impose comme un parfait mélange de facéties digne d'un Groot que de la limitation d'un Drax lunaire. Quant à Polka Dot Man, sa névrose dessinée à l'image est à mourir de rire !
Alors oui, c'est du archi classique dans la démarche et dans ce que cela raconte, mais The Suicide Squad est tellement généreux dans le gore tout comme dans le fun immédiat procuré que l'on ne peut que lui passer ses menus défauts. Tandis que son autre atout est d'être un vrai film de troupe équilibré offrant à chacun de ses super de quoi s'illustrer à l'écran et de jolis moments en forme de pieds de nez dirigés contre le faux départ de la team en 2016 ou des oiseaux de proies bien timides, enfoncés du reste en une seule scène. Tout en gardant des zones d'ombres morales tangibles.
Mais ce qui est peut être le plus surprenant, encore que, pour The Suicide Squad, c'est d'aller chercher un tel boss final totalement inconnu du grand public, incroyablement portnawak et de le faire évoluer sans s'émouvoir dans un final bluffant en deux temps conjuguant un plaisir qui irradie l'écran jusqu'à la jubilation et une redoutable efficacité. Encore une fois, c'est la croyance de James Gunn en ce qu'il fait et en son matériau qui emporte l'adhésion immédiate et fait penser qu'avec The Suicide Squad, nous tenons peut être le comic book movie de l'année 2021.
Rien de moins.
Behind_the_Mask, qui jure avoir vu passer plus de douze salopards.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2021 et Une année au cinéma : 2021 enfin !
Créée
le 28 juil. 2021
Critique lue 1.9K fois
63 j'aime
9 commentaires
D'autres avis sur The Suicide Squad
Pour être la première puissance mondiale, il faut forcément être plus malin que les autres. Ça pique un peu de l’admettre, mais c’est un cercle vertueux - ou vicieux, selon le point de vue adopté :...
le 7 août 2021
73 j'aime
1
C'est fou ce que l'ajout d'un seul mot dans un titre peut tout changer. Car en 2016, Suicide Squad, c'était le fond du panier du film de super. Tandis que, comme d'hab' quand il s'agit de mauvais...
le 28 juil. 2021
63 j'aime
9
Yeah! Trop content! C'est vraiment fou l'expérience que l'on vit avec le cinéma à mesure que les années défilent. D'abord, avec Justice League, en 2017, j'étais abasourdi en sortant de la salle de...
Par
le 28 juil. 2021
44 j'aime
19
Du même critique
Le succès tient à peu de choses, parfois. C'était il y a dix ans. Un réalisateur et un acteur charismatique, dont les traits ont servi de support dans les pages Marvel en version Ultimates. Un éclat...
le 25 avr. 2018
205 j'aime
54
˗ Dis Luke ! ˗ ... ˗ Hé ! Luke... ˗ ... ˗ Dis Luke, c'est quoi la Force ? ˗ TA GUEULE ! Laisse-moi tranquille ! ˗ Mais... Mais... Luke, je suis ton padawan ? ˗ Pfff... La Force. Vous commencez à tous...
le 13 déc. 2017
193 j'aime
39
Le corps ne suit plus. Il est haletant, en souffrance, cassé. Il reste parfois assommé, fourbu, sous les coups de ses adversaires. Chaque geste lui coûte et semble de plus en plus lourd. Ses plaies,...
le 2 mars 2017
186 j'aime
25