One upon a time in ancient China...
Dans le petit monde des arts martiaux, tout ne se résume qu’à toujours plus de vitesse, plus sang, plus d’effets-spéciaux et montages frénétiques, en plus d’acteurs toujours plus poseurs pour vendre du produit pop souvent aussi vide que le sont certains magazines à la couverture délicatement glacée pour mieux masquer leurs vacuité.
Il y a cependant des films qui eux vont à contre-courant, font tout à l’opposé, réveillent un cinéma disparu et se trouvent formatés pour un public qui tient dans la paume de la main. The Sword Identity fait clairement partie de ceux-là tant il est glacial, historique, réaliste, cynique, respectueux des enseignements ancestraux, en somme une bobine qui nous renvoie en plein 16ème siècle chinois, avec une telle précision dans l’exécution que ces temps oubliés en semblent presque palpables.
The Sword Identity dresse également un portait assez intéressant de la société de l’époque, de la rivalité des familles et aussi de leur façon à se serrer les coudes afin de garder leur statut. Quatre familles se partageant une ville de par leurs enseignements, pourquoi accepter que des intrus viennent imposer leur style et venir prendre une place qui n'est pas à prendre ? Le plus facile pour discréditer ceux-ci est de les faire passer pour des japonais, permettant d'avoir le soutien de la population contre eux.
Aussi, le métrage remet en question la fierté des codes martiaux chinois, très différents entre civiles et militaires. Un civil verra comme vilenie d’utiliser les armes ennemies, alors qu’un militaire considérera ça comme une façon ironique de contrecarrer l’adversaire.
The Sword Identity c’est donc surtout et avant-tout un film socio-politique d’arts martiaux. Tous les codes sont mis à mal et l’on se rapproche de l’esprit des thrillers politiques contemporains mélangés à celui du Ghost Dog de Jim Jarmush. La direction est qui plus est exemplaire et dès les premières minutes on sait que l’on va avoir affaire à quelque chose de magnifique tout en étant très austère. Les dialogues suivent cette voie, affreusement trop présents pour celui qui s’attendait à d’incessantes bagarres. En revanche lorsque les combats se mettent en place nous avons le droit à ce qui se fait de plus académique en la matière. Pas question de tuer son ennemi, il suffit « simplement » de le désarmer, ce qui est illustré par un combat final aussi splendide par sa chorégraphie que déstabilisant pour le badaud peu habitué à ce genre d’approche.
The Sword Identity est-il un grand film ? Rien n’est plus sûr. Nous avons toutes les facettes d’une Chine lointaine qui nous sont dépeintes et dans lesquelles on s’immisce aisément, et le style inhabituel de la narration et de la mise en scène finissent par captiver le spectateur, crevant d’impatience de savoir comment tout cela va se conclure. Mélangeant cynisme, humour exacerbé et rites médiévaux, cette bobine est le vent de fraicheur qui vient nous prouver que les arts martiaux et le grand cinéma restent compatibles. Haofeng Xu nous livre quelque chose d’unique, une adaptation de son roman que seul lui était apte à réussir.
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