The Taint
5.4
The Taint

Film de Drew Bolduc et Dan Nelson (2012)

Quand j'avais vu l'équipe Troma à Cannes il y a deux ans, en dehors de Return to nuke'em high, un des films qu'ils cherchaient le plus à mettre en avant était The taint. Pas une réalisation du boss Lloyd Kaufman, seulement une production Troma... et les films de leur catalogue qui ne sont pas réalisés par Lloyd sont en grande majorité pourris, mais ils semblaient fiers de celui-là. Il y avait des affiches au stand, plusieurs feuillets, un des producteurs de Nuke'em high en portait un t-shirts, etc.
Et à la même époque, j'avais eu de bons échos sur le net (notamment sur senscritique), ensuite le film a été programmé par Panic cinema...
Bref, ça m'a rendu curieux.


A la tête de ce long-métrage, Drew Bolduc, qui est réalisateur, scénariste, producteur, producteur exécutif, monteur, musicien, acteur, et pleins d'autres choses. Son partenaire Dan Nelson est co-réalisateur, monteur, producteur, etc.
Apparemment, deux amateurs de l'esprit des 80's, dont ils régurgitent tous les codes, d'un mauvais goût que j'affectionne, dans la BO au synthé, l'esthétique, la séquence de sport sur une chanson virile, et même dans le logo de la boîte de prod d'un kitsch à l'extrême.
L'image en HD trahit l'époque toutefois... et ne rend pas vraiment service au film, car, paradoxalement, elle fait sauter aux yeux la faiblesse des moyens. La qualité d'image souligne la facticité des effets spéciaux, la pauvreté de la photographie, ou encore le fait que le flingue du héros soit en plastique.


A mon avis, le duo doit aussi admirer Lloyd Kaufman, c'est ce que je ressens en voyant ces idées dignes d'un cartoon trash, comme lorsque ce tueur redneck chie à travers son pantalon pendant une poursuite...
Mais le scénario en général m'a vraiment fait penser à ce que pourrait donner une adaptation live d'une BD Elvifrance (si vous ne connaissez pas, allez vite vous inscrire sur le forum BDtrash). On dirait une histoire de Gozzo : suite à un empoisonnement de l'eau, tous les hommes deviennent des sauvages qui se baladent la trique à l'air et massacrent des femmes.
Malheureusement, du côté de la réalisation, c'est bien plus bordellique que du Lloyd Kaufman. Sur les tournages de ce dernier, c'est toujours le chaos, mais par je ne sais quel miracle, il arrive à assembler un film qui fonctionne, en maîtrisant sa mise en scène et son montage.
Dans The taint, les plans tremblent de trop et/ou sont flous, il y a des coupes dans tous les sens, c'est monté n'importe comment, on enchaîne pleins de plans d'angles différents qui appesantissent des actions tout simple, ou alors à l'inverse on multiplie les micro-ellipses de sorte qu'une scène qui ne devrait poser aucun problème devient chaotique. C'est tellement mal monté que ça en est presque criminel. En tout cas voir ça m'a vite pris la tête.


Concernant l’humour, Bolduc fait tout le temps dans la facilité.
Pour ce flashback ironique représentant le bonheur passé d’une des protagonistes, on la voit gambader dans l’herbe avec son amoureux… Qui n’a pas déjà vu ça tourné en dérision une bonne centaine de fois ?
Et les blagues, toujours vulgaires, sont des plus primaires. Par ailleurs, les trois quarts portent sur l’homosexualité, "what a gay pen", "I hope none of you are faggots", etc.
Parfois il y a du n’importe quoi juste pour faire du n’importe quoi, sans aucune justification : la femme qui bute des écureuils. Mais… pourquoi ?
Il y a des tentatives pour créer des personnages un peu décalés, mais pour moi c’est raté. Le héros m’a irrité, c’est une sorte de hipster en tenue d’écolier qui, en guise de running "gag", change tout le temps de paire de lunettes.


En revanche il y a beaucoup de boulot sur les effets spéciaux, et ça je respecte… malgré l’amateurisme (encore une fois), il y a de gros efforts sur la création d’effets gores, qui s’avèrent être funs de temps à autres.
Ca aurait pu être un de ces films dont on pardonne partiellement les défauts s’il nous fournit du bon gore… mais au final, il n’y a rien de suffisamment inventif dans The taint. Des trucs un peu fous (la bite à travers la tête, la pénétration vue de l’intérieur), mais rien qui m’ait véritablement surpris et que je n’aie déjà vu ailleurs.


Je suis plutôt déçu, même si avec ce genre de film, je me prépare toujours à l’éventualité que ce soit mauvais. J’aimerais quand même en savoir plus sur la création de The taint : comment il a été fait avec une équipe aussi réduite ? Car Bolduc et Nelson ont beau savoir faire leurs propres FX et s’occuper d’un bon nombre des tâches, ça demande une sacrée dose d’énergie et d’organisation. Et surtout, comment ils ont pu convaincre tous ces gens de participer ? Surtout les femmes ?

Fry3000
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le 28 mars 2015

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