Ya ya ya ! Yama yama yama !
Pendant presque 2h30, nous allons vivre avec une famille parmi les plus déjantée, imprévisible et drôle que le cinéma nous ait donné.
Il y a Hajime, un adolescent qui tente de se remettre d'une déception sentimentale.
Il y a sa petite sœur Sachiko, constamment accompagnée de son double géant, ce qui est plutôt gênant, vous en conviendrez.
Il y a l'oncle Ayano, qui a vu, dans sa jeunesse, le fantôme d'un yakuza avec un étron sur la tête.
Il y a la mère, qui prépare un manga.
Il y a le grand-père, à la coiffure épique et aux chansons improbables ("Tu es un triangle..."), et qui passe toute sa journée à prendre des poses de personnages de manga.
Il y a le père, Nobuo, qui hypnotise toute la petite famille.
Le film va passer d'un personnage à l'autre, alternant les scènes et les ambiances. Parfois, ce sera contemplatif, parfois sensuel, parfois absurde ou surréaliste (comme ce mec qui joue au base-ball tout seul), parfois émouvant (comme cette scène magnifique, peut-être ma préférée du film, où Ayano retrouve celle qui était visiblement un amour de jeunesse, ce qui le fait retomber en adolescence, le long d'un plan séquence de toute beauté), toujours inattendu.
Il faut dire que le réalisateur se fait un grand plaisir à exploiter les différents procédés que le cinéma met à sa disposition. Beauté des cadrages, utilisation de trucages, grande attention portée aux sons, textes qui apparaissent à l'écran, un rideau qui se lève comme au théâtre, apparition saugrenue d'un super-héros dans le train, film d'animation aux bruitages délirants... Katsuhito Ishii mêle avec bonheur et talent différents procédés narratifs pour créer un film qui est une surprise permanente.
Et un véritable bonheur. car, ne le cachons pas, ce film est un chef d’œuvre. Le spectateur passe par différents sentiments : joie, émotion, émerveillement. Une œuvre unique, décalée, qui est toujours juste et n'en fait jamais trop. Ici, pas question de surenchère, rien n'est en trop.
Un film vraiment magnifique.