Revoir un film vous ayant marqué dans votre (extrême) jeunesse et que vous aviez précédemment noté sur ces fameuses impressions gravées dans votre quasi subconscient peut s'avérer...foutrement décevant.
MAIS revoir un film vous ayant marqué dans votre (extrême) jeunesse et que vous aviez précédemment noté sur ces fameuses impressions gravées dans votre quasi subconscient pour vous rendre compte que VOUS AVIEZ RAISON, ça c'est foutrement bon.
Voir un film comme The Thing à l'âge de 7 ans impressionne. Et quand je dis "impressionne" je veux dire "laisse une empreinte", "marque". Avec mes perceptions d'enfant, The Thing fut pour moi une représentation quasi indescriptible de la vision d'un cauchemar noir et oppressant, angoissant et dérangeant de la façon la plus viscérale qui soit, totalement indescriptible donc ; mais instinctivement très prenante. Et tous ceux qui se souviennent un tant soit peu de leurs peurs ou cauchemars d'enfance savent de quoi je parle.
Avec mes yeux d'adulte, j'ai revu en The Thing probablement un des tous meilleurs films de Carpenter, j'ai pensé aux « Montagnes Hallucinées » de Lovecraft (d'ailleurs le caractère indicible de La Chose est très Lovecraftien dans l'esprit), j'ai apprécié la tension palpable et la paranoïa croissante des protagonistes s'appuyant sur des décors étouffants et une nuit noire ouverte paradoxalement claustrophobique , parfaits théâtres de mauvais rêve. Avec mes yeux d'adulte j'ai vu un film sur la peur protéiforme de l'autre et de l'inconnu, la peur de soi et de sa propre image dans le miroir, la peur du vide, la peur du noir, la peur ancestrale de rester seul , isolé, aliéné ; puis la peur de la mort.
On pourrait reprocher au film la désuétude de certains de ses dialogues si on voulait pinailler, et certains doivent se gargariser de railleries envers les effets visuels à priori "datés". Mais l'une des forces de The Thing est justement de montrer autant qu'il suggère, et l'utilisation d'effets "en dur" (chapeau Rob Bottin) de toute façon imposés par l'époque apportent un impact visuel horrifique et viscéral qu'aucun CG n'égalera jamais. On pourrait aussi débatre du score de Morricone mais ça ne servirait à rien parce que de toute façon Morricone il est plus fort que toi alors dégage.
La fin, parfaite, a achevé de persuader l'adulte que je suis que des fois, quand il vous reste une impression forte et indéfectible d'un film que vous avez vu enfant, cette impression est la bonne.