Je continue mon exploration du catalogue des plateformes de streaming légales chinoises à la recherche des petits films sympathiques noyés dans la masse d’étrons aux jaquettes semblables, aux castings interchangeables, et à l’originalité proche du néant. Sauf que ce coup-ci, j’ai suivi les conseils d’un de nos fidèles lecteurs et chroniqueur occasionnel, Feroner, qui au détour d’un commentaire m’a conseillé ce Fantasy Magician. Oui, je ne suis pas le seul à vouloir me faire du mal en piochant un peu au hasard dans ces moult productions faites à la chaine, et je le remercie car, bien qu’il ne s’agisse pas d’un chef d’œuvre du 7ème art, bien qu’il ne me fera pas dire que, enfin, nous avons le renouveau du wu xia pian et qu’il vient de Chine Continentale, eh bien c’était ma foi plutôt sympathique et divertissant 1h24 durant.
Mais avant de parler du film, je crois qu’il est nécessaire de faire une mise au point. En fait, pour regarder ce genre de film, je crois que le plus dur est d’arriver à se défaire de l’image qu’on a des films de sabre de Hong Kong des années 70/80/90, surtout lorsque comme moi on a pas mal bourlingué dans le genre. Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter tout et n’importe quoi, mais le cinéma change, et les wu xia pians avec. Sauf retour inespéré, ce cinéma de Hong Kong que nous sommes beaucoup à tant chérir est désormais derrière nous. Cela n’empêche pas de dire que c’était mieux avant, certes, mais cela ne doit pas nous empêcher que certaines de ces innombrables bobines chinoises valent le coup d’œil, ne serait-ce parce qu’elles ont envie d’en donner au spectateur pour leur argent. Fantasy Magician est de ceux-là, et c’est un des gros succès de la plateforme iQiYi de l’année 2020. Le film aurait rapporté plus de 53 millions de yuans (7,9 millions de dollars) à ses investisseurs, si l’on considère que l’investissement total dans le film était d’environ 20 millions de yuans (2,97 millions de dollars), soit un retour sur investissement est de plus de 200 %. J’avoue que mes attentes étaient malgré tout assez faible avant de me lancer dans le visionnage. Je ne me suis pas encore remis de ma dernière incursion dans le wu xia pian fantasy avec Desert Dragon (2021), et en plus Fantasy Magician est une suite / repompe du The Thousand Faces of Dunjia (2017) de Yuen Woo-Ping, qui m’avait fait le même effet qu’une bonne grosse diarrhée de lendemain de fête, avec bien moins de moyens. Mais surprise, cette bobine des frères Xiang Giu Liang et Xiang He Sheng est passé bien mieux que le film de Woo-Ping. Peut-être étais-je dans un bon jour ? Peut-être ne l’étais-je lors du visionnage du film de 2017. Qu’importe, Fantasy Magician aura été très agréable, bien que ne dépassant jamais le stade du petit divertissement inoffensif. Et les frères Xiang ont fait de leur mieux pour rendre le film le plus agréable possible.
L’intrigue n’est pas des plus intéressantes, dans la moyenne de ce qu’on a souvent vu. On est une fois de plus dans une histoire où un jeune homme possède en lui une puissance surhumaine mais qu’il ne sait pas exploiter. Des maitres d’un clan vont lui apprendre à l’utiliser, à la maitriser, afin qu’il puisse lutter contre le mal ultime. Mais Fantasy Magician ne laisse jamais la place à l’ennui grâce à un rythme élevé. A cause de sa courte durée, l’histoire et les personnages ne sont que peu développés, mais de manière générale la mise en scène est plutôt bonne. Bien que la caméra soit parfois un peu trop mobile (tous les plans n’ont pas besoin d’une caméra qui bouge !), l’ensemble reste toujours lisible. Les décors sont très crédibles et on constate que, quelle que soit la qualité de ces métrages dédiés à la SVOD en Chine, il y a très souvent un gros soin apporté aux décors et les images sont souvent belles. Il y a ici de bonnes idées visuelle, et ce dès l’excellente scène d’introduction, bien qu’elles soient malheureusement plombées par des images de synthèses pas toujours au top. Et comme nous sommes dans un wu xia pian fantasy, avec tout ce que cela implique de monstres, d’esprits, de magie, de sorts, … il y a beaucoup de CGI. Parfois, ils se fondent plutôt bien avec le reste de l’image, parfois ils sont plus approximatifs. Les combats sont également très très fantasy. Exit ici les échanges de coups et des chorégraphies réglées au millimètre, nous sommes dans du virevoltant, de l’inventivité, du délire visuel, à base de sorts de magie dévastant tout sur leur passage. Certains moments, dans les mouvements des protagonistes, rappellent même Dragon Ball Z. Dommage que le méchant du film soit si vite expédié, surtout par un héros qui est dans doute le personnage le plus faible du film, manquant clairement de charisme.
Fantasy Magician est un agréable wu xia pian fantasy. Loin d’être mémorable, comprenant pas mal de soucis à commencer par des CGI mi-figue mi-raisin, on sent malgré tout une envie des deux réalisateurs de proposer un divertissement qui tient la route.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com