Pauvre bourreau, heureusement qu’il a les nègres pour s’amuser.
Dans l’outback sauvage, désertique et brûlant de l’Australie, quatre hommes avancent lentement sans un mot : trois blancs à cheval et un aborigène les précédant à pieds. Quatre hommes traquant un autre aborigène, accusé du meurtre d’une femme blanche.
Ces hommes n’ont pas de noms, ce sont des « types » caractérisant des attitudes différentes :
- Le « fanatique, appartenant à la police montée. C’est le « boss », un homme sûr de lui, cruel et sans pitié aussi bien pour les aborigènes que pour ses hommes.
- Le « vétéran » : un homme d’âge mûr, recruté pour cette besogne, il se tient en retrait par rapport au comportement du policier et ne souhaite pas s’impliquer
- Le « suiveur » une jeune recrue, à l’esprit musicien, qui gratte sa guitare en chantant, mais pas pour longtemps.
- et enfin l’aborigène, le très bon David Gulpilil, chargé de pister et de conduire les trois hommes.
Cette chasse à l’homme est tendue, la musique vient adoucir ce périple âpre avec ses paroles douces et ses mélodies mélancoliques. Mais pour eux qui marchent, pas d’adoucissement : c’est la caillasse, le danger qui guette, le soleil qui tape. Mais c’est aussi la dureté des rapports humains. Et on comprend assez vite que le plus fort, n’est pas forcément le plus violent, celui qui peut imposer sa volonté n’est pas forcément celui qui a l’autorité, le plus intelligent n’est pas celui qui traite les autres d’idiot, celui qui tient la chaîne n’est pas forcément celui qui mène la danse …
La violence est omniprésente sans être montrée, sinon à travers des dessins naïfs d’une grande beauté. Les scènes elles-mêmes se déroulent en hors champs.
Ces hommes avancent laborieusement, tandis que nous les suivons sans jamais nous ennuyer. Le suspens est entretenu : le pisteur est-il vraiment de la partie ?
Ce film dénonce plus que tout discours :
- le comportement abusif des blancs vis-à-vis des aborigènes et dresse un tableau glaçant de ces années 20 où la plupart des Australiens blancs ne considéraient pas les aborigènes comme des humains.
- la présence des blancs dans ce pays auquel ils sont étrangers aussi bien du point de vue culturel que du point de vue des lieux qu’ils ne savent pas « lire ». La présence du pisteur illustre à merveille cette dimension, sachant détecter et interpréter les moindres signes dans la nature, jusqu’au déplacement d’un simple caillou. Il est chez lui !
Les blancs sont des meurtriers, peu fiables, voleurs et malhonnêtes. On ne peut pas s’y fier !