Terrence Malick. Plus de 40 ans de carrière et seulement cinq films. Un perfectionniste et un cinéaste totalement particulier. De ces quatre précédents films avant The Tree of Life, on retiendra la contemplation qui existe et le rapport entre l'homme et la nature. Un véritable poète de l'image. Et puis arrive donc cette oeuvre récompensée de la Palme d'or à Cannes. Cela faisait des années que Malick rêvait de faire cette oeuvre et de parler de l'origine de la vie.
C'est pourtant avec son moins bon film que le cinéaste se fait le plus connaître. Bien sûr, tout n'est pas mauvais dans cette oeuvre. Mais on regrettera des choix inopportuns et une envie pour ce mégalomane de se prendre pour le Messie.
Tout d'abord, Malick oriente très clairement son oeuvre dans un seul point de vue: celle de la religion biblique, judéo-chrétienne et ne laissant donc pas d'autres possibilités de lecture aux personnes. Et qu'on ne vienne pas crier qu'il laisse d'autres choix, car le cinéaste fait dans la lourdeur constante. Outre l'ouverture du film par une citation de Job, on y retrouve tous les fondements de la religion: "aimez-vous les uns les autres, la femme qui regarde le ciel et indique à son fils que c'est là que Dieu vit. Un Dieu tout-puissant et miséricordieux qui va même faire preuve de clémence dans l'incroyable scène des dinosaures. Un animal souffre. En arrive un plus puissant que lui ayant l'occasion de le bouffer tout cru. Mais comme Dieu est miséricordieux, il lui laisse la vie sauve.
Bref, durant 2h20, on va avoir droit à un tel discours du cinéaste. Terrence Malick a très certainement trouvé sa voie philosophique et c'est très bien pour lui. Mais nous la marteler comme étant celle à suivre n'est pas digne d'un tel cinéaste.
Ensuite, il y a évidemment cette relation de famille, l'autre point sur lequel s'articule le film et qui offre donc une deuxième possibilité de lecture de l'oeuvre. Mais là aussi, le cinéaste va faire dans la lourdeur. Il va nous montrer environ 36 situations pour montrer à quel point le père est dur et à quelle point la mère est gracieuse. A quel point le père est un véritable castrateur. Et ce n'est pas étonnant qu'il ne réussisse finalement point sa carrière, car il a beau se tourner vers la religion, prier, aller à la messe, il n'en est pas moins attiré par une volonté matérielle de réussite. Moralisateur, Malick ?
Pourtant, dans ces instants de vie entre mère, père et enfants, on peut s'y reconnaître aisément. On soulignera d'ailleurs l'incroyable casting chez les jeunes et l'ainé joué par Hunter McCracken. On restera également étonné de l'excellente performance de Pitt, qui prouve une fois encore qu'il n'est pas qu'une belle gueule. On regrettera par contre le rôle de figuration attribué à Sean Penn.
Evidemment, tout n'est pas mauvais dans cette oeuvre. En dépit donc de la lourdeur du propos et du côté moralisateur, on retiendra peut-être les trente premières minutes qui sont tout simplement magnifiques en images. Certes, le cinéaste insiste et nous le fait bien comprendre, mais on reste ébahi par la qualité proposée en terme de mise en scène.
Il est évident aussi qu'on pourra toujours se reconnaître un peu dans ce que propose Malick et dans sa vision de Dieu. Il est clair que certains s'y retrouveront totalement et rentreront en osmose avec ce que le cinéaste propose. Il est évident aussi que la manière de tourner du cinéaste est totalement à part et remarquable.
En fait, on peut résumer ce film comme étant beau, mais lourd. Ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. Il n'en demeure pas moins une grande déception de la part d'un tel cinéaste.