Le cinquième film de Terrence Malick The Tree of Life - palme d'or en 2011 à Cannes - fait face à des critiques radicalement opposées: d'un côté ceux qui sont déçus, qui trouvent le film ridicule et ressemblant à un documentaire de National Geographic. De l'autre, les spectateurs transcendés par la grâce du film. Je suis de cette branche.
Et comment ne pas l'être face à l'exceptionnelle bande-originale, avec la musique de Zbigniew Preisner (et sa version de Lacrimosa) ou celle de Bedřich Smetana (avec Mà Vlast (My Country): No.2 , Vlatva [Moldau]). Avec la photographie d'Emmanuel Lubezki (connu auparavant pour Les Fils de l'homme ensuite pour Birdman ou The Revenant. Et avec le lyrisme de Malick, qui signe son chef d'œuvre (devant le métaphysique La Ligne Rouge, le poétique Les Moissons du ciel ou son dernier *Une vie cachée).
The Tree of Life est un long poème remplit de légèreté, où nous voguons entre le cosmos et une famille texane. Malick nous fait sentir le poids de l'univers et du temps, et nous envoûte dedans. Nous finissons par percevoir au combien nous sommes minuscules face à l'immensité de ce qui nous entoure.
Le film nous pousse à une réelle introspection, il vient remettre en cause nos fondamentaux: d'où venons-nous?, où allons-nous? Mais aussi sur notre relation avec notre famille, la nature ou Dieu. Cependant, il reste un hymne à la vie, à l'existence et à l'amour, mais il expose les problèmes inhérents que ça implique comme la mort d'un proche ou la violence d'un père. Cette dureté de la vie est vite opposée à la beauté. Brad Pitt dit après avoir avoué ses faiblesses: "Look the glory all around us, trees, birds". Il nous invite à apprécier la vie dans sa totalité et à regarder autour de nous la splendeur de chaque élément du monde.
Le film est un tournant esthétique, il est marqué par un montage, une narration et des mouvements de caméra qui rejettent les formes classiques. Malick filme à hauteur d'enfant, la caméra semble être en apesanteur.
De nouveau, il utilise les voix-off pour comprendre less sentiments des personnages. Il pousse le montage elliptique (saut dans le temps) à son extrême, commençant par la famille, après par la création de l'univers, puis par la mort des dinosaures et finissant sur un des enfants devenu adulte. Malick signe son Solaris (Andreï Tarkovski) ou son 2001, l'Odyssée de l'espace (Stanley Kubrick).