Ce n'est pas un film, c'est une expérience. Comme beaucoup d'expériences elle s'appuie sur le vécu, sur nos sentiments les plus profonds et elle va marquer ou non, nous éblouir ou nous dégoûter. Tree of life, si on accepte de participer à cette expérience, nous emmène dans un voyage onirique digne d'un 2001 L'odyssée de l'espace. Avec son lot de questions existentielles ; qui sommes nous ? D'où venons nous ? Qu'est ce qui est bien ou mal ? Là où beaucoup de films choisissent de nous orienter plus ou moins subtilement, ici on nous offre délicatement et simplement deux (voir plus) voies différentes. Le père qui se protège derrière une rigueur exacerbée et la mère qui préfère profiter de l'essence même de la vie, quitte à le regretter.
La subtilité, Terrence Malick la transcende grâce à des plans contemplatifs rappelant encore une fois un certain space-opera (très boudé en son temps lui aussi), grâce à une ambiance toute particulière, posée et envoûtante, grâce à une photographie époustouflante et puis aussi grâce à une panoplie d'acteur terriblement touchants. De Brad Pitt renfermé et pourtant si expressif à Jessica Chastain troublante et naturelle sans être potiche, sans oublier un Sean Penn fantomatique et pourtant si charismatique, les acteurs s'impriment précisément avec le film, ne faisant qu'un. Ils ne sont plus acteurs, ils font eux aussi parti de l'expérience, voguant à travers les plans, les époques, les interprétations.
Le tout lié par une musique frissonnante et un montage qui vous tient en haleine 2h20 durant sans que vous ne vous en rendiez compte. Terrence Malick signe là, peut être un chef-d'oeuvre (le temps nous le dira) mais certainement une oeuvre remarquable (et marginale) qui aura profondément marqué une génération et le cinéma.