Un archétype de la cellule familiale américaine des années 1960-70 (père, mère, trois fils, plutôt bon milieu, de religion chrétienne apparemment, aussi heureux qu'il est possible, vivant dans la verte banlieue d'une ville texane) est soudain frappé par une tragédie : la mort à 19 ans du deuxième des trois garçons.
À partir de là, grande interrogation sur le pourquoi de la mort de cet innocent au moment même où, éducation quasi finie, il allait pouvoir mettre en pratique tout ce que ses parents et professeurs lui avaient appris et répondre à leurs espérances. Grande interrogation métaphysique sur le sens de la vie, sur son origine et celle du monde, sur la grande horlogerie cosmique et son mystérieux horloger. Interrogation qui donne à Terrence Malick l'occasion de nous toucher, nous charmer, nous éblouir par une succession d'images magnifiques, belles à couper le souffle et par la virtuosité maîtrisée de son montage visuel et sonore. Et cela pendant une demi-heure.
Puis retour à la famille américaine du tout début du film et relation de la naissance, enfance, croissance des 3 petits garçons bercés par et partagés entre la force de la nature, personnifiée par le père (Brad Pitt) et celle de la grâce, personnifiée par la mère (Jessica Chastain).
Interrogation sur l'existence de Dieu, l'existence du bien et du mal. Conflit entre le père et ses fils, amour des fils pour leur mère, amour fraternel, conflit entre le père et la mère sur la façon dont il faut élever leurs enfants. L'aîné des 3 garçons est personnifié à l'âge adulte par Sean Penn (qui tient, dans le film, un rôle assez frustrant, ingrat et effacé).
Après avoir tenté de répondre aux deux premiers volets de mon titre, le film se termine par une tentative de réponse au troisième : Où allons-nous ?
Avec toujours des prises de vue sublimes, belles à pleurer et qui sont là pour nous convaincre que tant de beauté, de splendeur, de grandeur ne peut être le simple fruit du hasard, mais forcément celui d'un divin dessein qui mérite tout notre amour. Et c'est le dernier message du film de Malick : Une vie sans amour est une vie ratée.
"Dieu nous aime, nous a donné la vie, le monde, la beauté, les mille beautés de l'univers. Même quand des événements tragiques, incompréhensibles, apparemment injustes nous frappent, plions-nous à la loi divine. La raison de tout cela nous sera sans doute donnée plus tard".
Voilà ce que Malick nous chuchote, avec ce film plein de poésie, ample, lent, superbement filmé, monté et mis en musique, cette ode hallucinée à la beauté du monde et à l'amour que les hommes doivent nourrir les uns pour les autres, un amour qui seul peut illuminer notre vie et lui donner un sens.
Qu'on accepte ou non ce message, The Tree of Life est une splendeur filmique... qui s'est vu décerner le prix suprême à Cannes, en 2011. Une Palme d'Or que j'estime largement méritée.
(Rédigé à la sortie du film et un peu retouché pour inclusion ici)