Tout d'abord, je vais remercier ma mère qui m'a appris à préférer dire que je n'aimais pas plutôt que de lancer à la ronde un irréversible "qu'est ce que c'était pourri !". C'est cette leçon de savoir vivre qui m'a permis de rester jusqu'à l'aboutissement du film (on ne peut pas parler de fin) et qui surtout me pousse 3 heures après, à chercher ce qu'immanquablement je n'ai pas dû saisir pour détester autant ce film.

Ces 2 heures et quelques représentent tout ce que j'abhorre dans le cinéma. Voilà, presque tout est dit. Et que l'on ne vienne pas me parler, comme je l'ai lu, de "virtuosité" dans la mise en scène. L'expérience est trop conceptuelle et personnelle pour être digeste. Autant filmer ses vacances en Bretagne par son petit cousin épileptique et espérer que les spectateurs seront assez réceptifs pour y trouver une quelconque résonance avec leur propre vécu dans le fait que ledit cousin ait passé 3 heures à filmer un grain de sable ou une grenouille en gros plan et en tremblotant.

Ce film ne dit absolument rien et enchaîne des plans sans aucun intérêt ni aucune logique. Pire encore il se contente de croire que le spectateur va tomber dans la mélancolie à la seule vue de jeux d'enfants aux abords d'un lac en été ou de gros plans sur une chemise en coton des années 50 et d'une carafe de thé glacé.

Est-ce que le film est beau ? Oui ! Contemplatif ? Indéniablement. J'avoue avoir été ému par cette scène où Brad Pitt, cultivant son potager dans la chaleur dorée d'un soleil couchant d'été, se repent à demi mot pour ses excès d'autorité. Le problème est que cette séquence est insérée entre la description d'un vélociraptor en tyrannisant un autre et une espèce de rassemblement de secte sur un banc de sable qui est l'occasion pour la mère du héros de "saisir" le soleil entre ses doigts et d'asséner un : "Je te donne mon fils" comme s'il s'agissait d'une révélation mystique permettant de saisir le sens de la vie.

Et que l'on ne vienne pas me reprocher mon manque de lucidité ou de connaissance cinématographique pour m'expliquer mon manque de compréhension : je défie quiconque de déceler le moindre message cohérent dans la vision d'un masque vénitien en train de couler en mer alors qu'une demie seconde plus tôt les personnages étaient dans le fin fond de l'Arkansas à manger des crêpes et qu'ils se retrouvent par la suite sur une plage entourés de hippies à célébrer la fin du monde.

Il ne suffit pas de filmer un arbre pendant 4 plombes pour faire de la poésie cinématographique.

Chacun, finalement, y verra ce qu'il voudra y voir mais difficile de voir quoi que ce soit dans du vide...

Asylum
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le 27 mai 2011

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