L'artiste-monstre

Intéressant.

L'histoire de Mike Diana est passionnante, l'auteur résume assez bien la situation, en questionnant les deux camps (c'est d'ailleurs une belle qualité que d'avoir su retrouver plusieurs des acteurs impliqués dans ce procès, dommage que tout le monde n'ait pas accepté). Les intervenants disent des choses intéressantes, se complètent les uns les autres. Les conflits se ressentent puisqu'on revit la procès dans sa chronologie. Certains points paraissent sous-exploités, un approfondissement n'aurait pas été du luxe, mais en l'état, cela suffit pour comprendre les enjeux et découvrir cette histoire de dingue.

En effet, comment imaginer qu'il n'y a pas si longtemps, un auteur de BD ait pu être chargé de la sorte !? Alors que la censure en BD n'existait plus depuis longtemps. Ce n'est pas si aberrant que ça aujourd'hui en fait, il suffit de voir l'accueil réservé à "Petit Paul" et à "Niala" qui parle de sexe ; le premier est pointé comme une oeuvre de pédophile et le second comme une oeuvre sexiste et raciste, quand au final, il n'y a que de l'humour et du sexe (et certainement pas du racisme ni du sexisme dans le second). C'est ce qui est triste avec notre époque, c'est que la censure (la cancel culture) ne vient plus d'un code inventé par une soi-disante intelligentia mais par le peuple lui-même qui a soif de pouvoir mais aussi de construire ses propres restrictions (et ce de façon hypocrite, car qui peut se vanter d'avoir des pensées pures?).

La mise en scène est inspirée, on sent la volonté du réalisateur de dynamiser ses interviews et son documentaire de manière générale : il propose ainsi de chouettes archives, des animations sympas, des extraits pertinents, des interviews avec des intervenants sympas (bon faut quand même se taper un plan fixe dans un décor convenu) et une BO punk rock !

Bref, ça se suit, c'est intéressant, mais parfois on sent que ça aurait pu être poussé plus loin.