De l'Ukrainien Myroslav Slaboshpytskyi, ce film perturbant serait difficile à décrire avec de simples mots. Des gestes de haine et désespoirs seraient plus parlant. Il remporte à l'unanimité tous les prix de la semaine de la critique, et il l'a grandement mérité à mes yeux. On vous prévient que tout le film est sourd et muet, sans aucun dialogue et sans aucun sous titres, jusque là les plus curieux restent. Puis, on vous avertis que certaines scènes sont réellement choquantes. Pas juste "peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs", non. Le genre de scènes qui te donnent encore envie de vomir rien que d'y penser. Alors, on est curieux et téméraire, et on aime se faire mal surtout.
En passant alors le fait qu'a moins de connaitre le langage des signes, la moitié des dialogues sont muets, l'histoire est néanmoins compréhensible, et c'est justement le fait d'être concentré sur leurs actions que l'on reste captivé. On a la preuve que les gestes remplacent la parole. Jamais les propos n'ont été aussi violents et terribles qu'à travers leurs mouvements, leurs regards, leurs rales. Toujours dans des plans fixes et larges, jamais d'insert ou de zoom. On est témoins de la vie de ses jeunes dans un pensionnat Ukrainien pour jeune sourds et muets. On nous sert une vision pessimiste, mais pas moins réelle, de l'Ukraine actuel. L'arrivé d'un jeune nouveau assez paumé va nous introduire dans l'univers créé par ses jeunes adolescents, régis par la violence, le sexe et l'argent. Ils volent, se battent, se prostituent, et semblent vivre heureux ou du moins s'en satisfaire. Mais le drame est, le nouveau s'éprends d'une des filles qui se prostitue et refuse qu'elle continue. En devenant jaloux et possessif, il se met tout le monde à dos et subit leur haine violente. On souffre avec eux de ce rejet violent et incongrus. La violence invitera la violence, dans une scène finale hallucinante et traumatisante. La véritable scène qui m'a traumatisé, que je ne peux dévoilé sans spoiler, dure 6 minutes, et c'est celle qui a fait se lever beaucoup de gens dans la salle.
Malgré cette horreur subit, et les deux heures et demie, je n'ai jamais été aussi bouleversé en sortant d'une salle de cinéma, et c'est pour quoi c'est ce film que je recommanderais en priorité aux plus téméraires.
CelineLacroix
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes World Tour Watching Challenge 2020 - 2021 et Les meilleures pépites méconnues du cinéma

Créée

le 28 mai 2014

Critique lue 709 fois

5 j'aime

LeCiné Calorix

Écrit par

Critique lue 709 fois

5

D'autres avis sur The Tribe

The Tribe
Krokodebil
5

Les tripes

Un double parti-pris (esthétique et sémiotique, ou linguistique) préside le premier long-métrage de Myroslav Slaboshpytskiy, cinéaste ukrainien remarqué et lauréat de deux Ours d'or du court-métrage...

le 17 oct. 2014

18 j'aime

2

The Tribe
mymp
6

Des pieds et des mains

Un nom à retenir désormais, même si c’est pas gagné : Myroslav Slaboshpytskiy. Premier film de ce réalisateur ukrainien surgi de nulle part, The tribe s’est fait remarquer cette année à la Semaine de...

Par

le 22 sept. 2014

18 j'aime

1

The Tribe
Velvetman
8

The tribe

Myroslav Slaboshpytskiy nous plonge dans un silence tendancieux qui asphyxie la moindre parcelle de sensations sonores qui se trouvent sur son passage. Seuls des cris de douleurs, des claquements de...

le 9 oct. 2014

16 j'aime

1

Du même critique

Cartel Land
CelineLacroix
8

Critique de Cartel Land par LeCiné Calorix

La Frontière indicible entre le bien et le mal. Dès le début, Matthew Heineman se refuse à prendre parti. L’idée de réaliser ce film lui est venue d’un article qu’il avait lu sur les groupes...

le 17 juin 2015

11 j'aime

Colette
CelineLacroix
8

Je suis la vrai Claudine

Après Mary Shelley, c'est le destin de Collette, grande écrivaine française du début du XXème, qui est mise en lumière par Wash Westmorland dans ce film. Des années durant, la brillante Collette...

le 14 janv. 2019

9 j'aime

5

Obvious Child
CelineLacroix
9

Pee-fart boy

Une comédie romantique pas comme les autres. Piquante et libératrice, Jenny State se révèle dans le personnage de Donna Stern, jeune comédienne en pleine crise existentielle quand son copain la...

le 17 juin 2014

8 j'aime