« Bonjour, et au cas où l’on ne se reverrait pas d’ici là… Je vous souhaite une bonne après-midi, une bonne soirée et une excellente nuit ! »
Imaginez une ville dans laquelle vous grandissez, cette ville est en fait un studio géant mais vous ne le savez pas. Imaginez que chacune de vos activités, chacun de vos proches et toutes vos péripéties sont programmées à l’avance. Imaginez que vos souvenirs et vos sentiments soient le résultat d’un scénario et de l’imagination d’une seule personne : le réalisateur.
Pensez-vous cela possible ?
C’est pour cette raison que j’ai décidé de vous parler de ce film. Le fait qu’après l’avoir vu on se pose toutes ces questions : « Est-ce possible ? » « Pourquoi font-ils ça ? » « Suis –je comme eux ? » « Cela peut-il m’arriver ? », confirme que ce film a laissé quelque chose en nous.
Bien évidemment la réponse qui nous vient en premier à l’esprit est souvent que ce n’est qu’un film et qu’en réalité ce ne serait pas possible.
En réalité ?
Et oui, réalité ou fiction telle est la question ! Car c’est sur cette réalité qu’est basée l’œuvre. En devenant le reflet caricaturé de notre société, pour nous montrer à quel point la société et une « sphère » dans laquelle nous avons été enfermé depuis notre naissance, comme Truman.
Peut-être qu’en 1998, lors de sa sortie, the Truman show apparaissait comme une histoire fictive et totalement irréalisable, mais Peter Weir et Andrew Niccol (réalisateur et scénariste) n’auraient-ils pas été visionnaires ? Puisque depuis le début des années 2000 les télés réalité sont en plein essor avec un accès de plus en plus poussé à la vie privée, jusque parfois dans l’intime.
Ce film se base aussi sur une réalité encore plus marquante : la société de consommation. Même si c’est une mise en scène, la vie de toute la ville est dirigée par un flux de contrats permanents, que ce soit avec les figurants, les acteurs ou la publicité. Ici encore le génie du réalisateur est surprenant car il nous fait comprendre que la publicité est devenue ou deviendra comme un grain de riz dans un bol de riz, c’est-à-dire qu’on ne saura plus différencier lorsqu’il y aura publicité et lorsqu’il n’y en aura pas. Et cette stratégie de faire passer la publicité par les produits du quotidien de Truman, est présente tout au long du film mais ce qui est très intéressant c’est que nous-mêmes en sommes pris au piège jusqu’à ce que Truman s’en aperçoive.
Ce film est aussi très représentatif du monde utopique qui s’écroule, de cette île (comme celle d’Utopie) dont les habitants sont pratiquement prisonniers. La vie de Truman est parfaite, peut-être trop parfaite et c’est ce qui va la détruire. L’homme n’est pas une machine que l’on peut programmer éternellement, comme à tenter de le faire Staline par l’endoctrinement. Et nous pourrions caricaturalement comparer le réalisateur joué par Ed Harris avec « le petit père des peuples ».
Ce film est pour moi l’un des meilleurs cocktails fait avec une pincée de chaque élément qui fait de plus en plus notre société. On peut ajouter aux ingrédients précédant de notre société, le peuple, avec les résistants contre le système (la fille dont Truman tombe amoureux), avec ceux qui regardent sans agir (les spectateurs), ce qui subissent le système (Truman) et ceux qui dirigent le système (réalisateur, producteurs…).
Ce n’est pas une illusion, non vous ne rêvez pas, The Truman show est réellement un bon film, avec des acteurs qui nous prouvent leur talent en jouant du « théâtre dans le théâtre » au cinéma. Jim Carrey sort de son rôle de comique de l’absurde, pour entrer dans la peau d’un homme qui petit à petit, va se transformer et pour finalement avoir une nouvelle vie en s’en allant par le ciel.
« Bonjour, et au cas où l’on ne se reverrait pas d’ici là… Je vous souhaite une bonne après-midi, une bonne soirée et une excellente nuit ! »