The Truman Show, c'est d'abord un pitch télé-réaliste absolument génial et visionnaire, sublimé par la réalisation simple mais efficace en caméras planquées de Peter Weir et par une bande-son émouvante...
(La suite est légèrement spoilante)
Effectivement, tout commence par un projecteur tombé du ciel aux pieds d'une sorte de grand dégingandé... Un type poli, souriant et sincère, un vrai boy-scout quoi ! On découvrira plus tard un homme presque materné par sa femme (qui plus qu'une actrice serait donc une sorte de catin, enfin j'espère pour lui...), un homme aimé de tous, un homme à qui il ne risque pas d'arriver grand-chose de grave puisque le monde-cocon dans lequel il évolue semble parfait... A moins que le scénario prévu pour lui n'exige quelques drames...
Et pour cause, Truman Burbank, adopté par une société de production à sa naissance, filmé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à son insu, grandira au beau milieu d'un gigantesque studio créé de toute pièce rien que pour lui et les comédiens/figurants - pas toujours compétents dans leur rôle - de la ville en boucle de Seahaven. Un spot de pub géant suivi par des centaines de millions de téléspectateurs construit dans le seul but d'infantiliser et de sédentariser cet homme jusqu'à sa mort...
Mais là où la cruauté deviendra totale, c'est lorsqu'on lui créera des phobies utiles au bon déroulement de l'émission à base de drame familial, qu'on l'empêchera d'aimer pour de vrai, qu'on le traquera et le capturera tel une bête chaque fois qu'il tentera de découvrir l'ailleurs, la liberté... Tout cela est bien inhumain, et l'apprenti-démiurge, père-raté, ne sera pas prêt à laisser filer sa créature adorée... Adorée pour l'image toute-puissante qu'elle renvoie de lui-même, puisque préférant l'éliminer plutôt que la laisser fuir...
The Truman Show fait relativement froid dans le dos, et j'ai rarement ressenti autant d'empathie qu'envers le personnage de Truman Burbank. C'est un peu comme si j'avais l'impression qu'une partie de moi (la paranoïaque) s'incarnait dans cet innocent que l'on manipule, et qui découvrira petit à petit - incrédule - le pot aux roses. De plus, Peter Weir réussit parfaitement à nous plonger dans la peau du voyeur, avec tous ces plans de la populace que l'on regarde regarder la télé. Ces gens c'est nous. Enfin, la plupart d'entre nous, et une petite partie inconsciente des autres...
Et puis, c'est aussi grâce à cette comédie dramatique que Jim Carrey pouvait enfin prouver au monde entier qu'il n'était pas juste un comique de génie, mais un vrai grand comédien, dans l'un des rôles les plus sympathiques et émouvants que je connaisse... Il y a une vraie et grande humanité qui se dégage de cet acteur.
Et ce final ! :')