Une thématique sur la télé-réalité qui relate une vraie anticipation, le tout dans le cadre de la satire sociale, c'est un très bon concept sur la papier, malheureusement le tout est traité d'une manière trop policée et scolaire.
Alors, je sais que c'est le but, que de nous présenter une société policée, mais là l'ensemble se révèle trop poussif. Et globalement c'est l'intégralité du film qui est fait de cette manière. Ce qui aurait été pertinent à mon humble avis aurait été de mettre une bonne dernière partie "désenchantée" où le retour à la réalité véritable aurait été très difficile pour Truman. Mettre en exergue un contraste assez saisissant quoi; plutôt que de rester deux heures et sur un même ton sur une intrigue qui fait du surplace.
Jim Carrey comme à son habitude fait son clown de service et cabotine à mort et son personnage n'évolue pas. Les ressorts comiques utilisés n'ont non seulement pas fait mouches chez moi, mais sont en plus trop présents jusqu'à annihiler toute dimension dramatique qui aurait pourtant été bienvenue dans un contexte pareil. Les dialogues sont quant à eux assez moyens. Alors peut-être que c'est cette façon de dédramatiser une telle histoire qui peut rendre le tout malaisant mais je n'y ai pas cru beaucoup. Je n'arrive jamais à croire à toute cette histoire qui ne possède aucune once de crédibilité. Je pense au fait que Truman mette un temps fou avant de se poser des questions alors que l'émission accumule les erreurs de débutants...
D'autre part, c'est peut-être moi qui n'ai pas compris, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi la vie de Truman fasse rêver tant de monde (1.7 Milliard de personnes quand même) tant celle-ci est académique intrinsèquement parlant. Même si quelque part c'est le peuple qui pimente la vie de Truman en inventant des péripéties. ça doit donc être la conception que doit se faire ce peuple sur le fameux "American Dream", mais en l'état actuel des choses j'ai juste eu l'impression de suivre la vie et le destin d'un Monsieur tout le Monde benêt et superficiel.
En plus de tout ça le suspense est absent tout le long du film car annonçant dès le titre, synopsis, et début du film que l'on est bel et bien dans un show médiatisé. ça aurait été bien selon moi de jouer sur le mystère et l'ambiguïté avec ça. Là ça rend juste le tout prévisible.
Je retiens par contre la fin qui, à mon humble avis, joue la carte de l'optimisme comme du pessimisme car,
certes Truman retrouve sa vie dite "normale" mais la machination en question n'aura eu au final aucun espèce d'impact sur sa personnalité. Il va même certainement retrouver une vie assez similaire.
Je retiens aussi le très bon rendu formel du film qui nous présente assez bien une vie aseptisée, matérialiste et mainstream avec ces pavillons aux couleurs criardes et ces résidents qui adoptent tous un style comportemental uniformisé.
Ce film est une immense déception pour moi car je suis friand d'anticipation et je sais qu'il y avait le matériel pour faire quelque chose de plus inspiré, profond et marquant. Un truc plus mature, percutant et moins mièvre quoi.
D'ailleurs lors de la scène finale on s'attend à ce qu'enfin Truman dise quelque chose d'intelligent histoire de terminer sur une note qui envoie mais non... Il dit encore le même genre d'ânerie qu'il aurait pu dire au début... Navrant.
En somme j'ai l'impression que dès qu'un film tente un réquisitoire qui se révèlera prémonitoire sur des dérives sociétales, le film en question se retrouvera surcoté, peut-importe les qualités artistiques du machin. Et encore je parle de "réquisitoire" mais je ne vois même pas en quoi ce film se veut dénonciateur de quelque chose vu qu'il ne questionne rien de particulier, qu'il ne cerne aucun dilemme moral et vu qu'il ne remet explicitement rien en cause... Ou alors je trouve qu'il le fait très mal...
Et même le côté prémonitoire reste à démontrer d'ailleurs. Quand tu commences ton film par "Aujourd'hui les gens se sont lassés de la pyrotechnie et des effets spéciaux." Raté !! On a jamais été autant obnubilés par eux au contraire. Il y a qu'à voir le succès toujours grandissant des films de super-héro remplis à ras la gueule de numérique... Et notre télé-"réalité", à contrario de celle (plutôt sincère, bienveillante, voire naïve) de ce film, a toujours été on ne peut plus fake...
Ai-je besoin également de rappeler que toute cette thématique de la surveillance à outrance qui dicte les vies de la population avait déjà été plus que popularisée par le célèbre romancier britannique George Orwell et son livre "1984" avec son emblématique moustachu "Big Brother" près d'un demi-siècle auparavant ? Même si ici Peter Weir a la particularité de ne pas vouloir en faire une dystopie (on est presque dans un opposé utopique en fait) paye ton fameux côté visionnaire...
Nan, franchement, je persiste et signe, ce film n'a pas grand chose pour lui...