Fais comme chez toi

Pas inintéressant ce film, mais il comporte des faiblesses qui gâchent un peu l'expérience.

L'idée de départ est plaisante, mais on la devine casse gueule. Et en effet, très vite, on se rend compte qu'une idée sur deux est bonne, que le principe narratif s'épuisera vite et que le ton 'mindfuck' prend un peu trop de place. Puis, contre toute attente, arrive une deuxième partie où l'on inverse les rôles. C'est inattendu et c'est malin. C'est même carrément plus intéressant que ce qui était prévu à la base, surtout que l'auteur aborde ici des idées que j'attendais pour la première partie. Malheureusement, tout n'est pas bon non plus, il reste quelques idées grossièrement exploitées et surtout cette volonté de retourner le cerveau du spectateur pour mieux le pénétrer avec son phallus baveux qui revient.

C'est vraiment dommage parce qu'il y a des situations superbes, des personnages parfois intéressants, des idées narratives qui fonctionnent très bien, une exploitation inventive de l'ironie dramatique. Mais tout cela est gâché par ce jeu de chat et de souris alors qu'en fait c'est ce qui intéresse le moins ; ben oui, on s'en fiche de savoir qui est dans la maison, on s'en fiche de savoir si c'est réel ou pas : le véritable intérêt c'est de voir comme vivre avec. Et ce traitement, et bien il n'est jamais poussé assez loin pour satisfaire, à cause de ce petit jeu.

La mise en scène est également intéressante : très classique visuellement et ça marche. J'aime beaucoup la manière dont le jeu de cache cache est filmé dans la deuxième partie, on jubile un peu pour tout vous dire. Au niveau de la musique, y a ce violon qui en fait un peu trop par moment et qui agace parce que quelque chose de plus subtil voire un silence complet aurait pu amener une ambiance bien plus riche. Surtout que l'image est bien rythmée et que je ne pense qu'il était nécessaire de mettre de la musique pour que ça soit plus rythmé. Les acteurs sont corrects : personne ne sort vraiment du lot, les acteurs ont même des gueules de secondes zones, rien de très mémorable donc, mais ils font bien le job, suffisamment pour ne pas gâcher les scènes en tous cas.
En ce qui concerne les lieux, je suis un peu déçu. La première maison, déjà, on ne ressent pas du tout son immensité, elle semble se résumer en quelques pièces spacieuses, c'est vrai, mais pas autant que ce qui est dit (1500m² quand même ! ou alors c'est une erreur de traduction ?). En tous cas, même si le fait d'être toujours dans les mêmes pièces est censé aider à ne pas perdre le spectateur, ces pièces manquent de caractère. Pareil pour la deuxième maison. Je pense que ce sont là des éléments importants pour un tel film, par rapport aux thèmes etc. et qu'il aurait donc été bon de mieux filmer la maison et ce afin que le spectateur puisse se sentir chez lui. Ce qui perturbe aussi, c'est que la deuxième maison ressemble autant à la première, surtout quand le héros dit avoir fait lui même les plans de sa maison... (et d'ailleurs je ne comprends pas comment ces deux maisons peuvent être reliées... j'ai l'impression de mettre assoupi lors d'une explication importante).

Bref, "El habitante incierto" est un petit thriller sympathique, qui marque pour quelques idées couillues, mais qui déçoit pour son traitement un peu facile du genre thriller, traitement qui piétine d'ailleurs sur l'histoire, sur ce qui fait vraiment l'intérêt de ce film.