OK... alors, Paul Hogan, à la retraite depuis des années, s’apprête a revenir sur le devant de la scène à la faveur de son anoblissement par la Reine… Mais rien ne va se passer comme prévu pour celui qui interpréta jadis le fameux Crocodile Dundee et une série d’imbroglios et de quiproquos absurdes vont mettre des bâtons dans les roues de l’ex plus grande vedette que l’Australie ait jamais connu. Voilà le pitch. Le film, c’est 1h10 de Paul Hogan récitant maladroitement des dialogues insipides, tombant toujours à rebours des blagues de merde tricotées par un scénariste encore plus détestable que les deux connards caricaturés dans le film et qui veulent que Dundee revienne dans un nouveau Croc Dundee avec son fils joué par Will Smith. Bref, c’est honteux, gênant et l’idée d’attaquer le « politiquement correct » d’Hollywood en faisant passer Hoges pour un gros fils de pute raciste était pas l’idée du siècle… mais alors, vraiment pas !
Il reste, en creux, le portrait sans illusion d’un acteur de 80 balais qui semble simplement vouloir se barrerfaire la sieste (c’est l’élément narratif qui tient tout le film), regarde la caméra d’un air un peu absent et récite ses lignes comme on lui a demandé, avec l’air de celui qui ne sait pas ce qu’il fait mais qui veut être sympa. C’est horrible. Littéralement horrible. Bon, sinon y’a des caméos, Chevy Chase ou John Cleese* ainsi qu’une flopée d’acteurs inconnus mais qui ressemblent tous vaguement à des acteurs connus. « Sosies de merde, le film »… Dans cette tentative minable et désespérée de singer les comédies US un peu nazes, Il y a une étrange ambition qui donne au film une couleur tout à fait moche. Le spectateur, face à ce simulacre fauché, partage à son tourla moue méprisante de Hogan face à l’escroc déguisé en Dundee et qui rackette les enfants sur Hollywood Boulevard. Cette mise en abyme aurait puêtre passionnante mais non, elle ne l’est absolument pas etla peine s’ajoute à la peine. Ca vous tord le cœur et ça vous noue les boyaux. A l’écran, lorsqu’ils n’essayent pas de faire parler Hoganla vieille momie branchée sur secteur et dont le plastique qui recouvre la face ondule vaguement, le réalisateur s’offre quelques moments de « gloire ». Une course poursuite en voiture avec John Cleese. OK, sur le papierc’étaitpeut être être une bonne idée mais àl’écran, on réalise que non. Tout comme la comédie musicale de plusieurs longues minutes posée au milieu du métrage… mais là, même sur le papier, on pouvait se dire que c’était de la merde. Sans enjeu véritable, sans rythme, sans structure, le film qui dure moins de 80 minutes reste extrêmement pénible à suivre. Restent les nombreuses scènes où Hoges téléphone à sa petite fille qui vient d’entrer dans une nouvelle école et qui ne le vit pas très bien. Les longues conversations téléphoniques entre le grand-père et la gamine sont totalement sans intérêt… mais c’est bien ce qu’il y’a de moins gênant là-dedans. Ah, si, le gag récurent du fils de Hogan m’a vaguement amusé. Je le note car le jeune type qui joue le fils reste probablement le seul à défendre son steak correctement dans cette déprimante Bérézina. Son nom c’est Jacob Elordi et il joue dans Deep Water, le nouveau Adrian Lyne qui sort l’année prochaine. Voilà, on s’en fout un peu mais la dernière fois que Lyne a sorti un film Hogan était encore capable de courir.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce truc d’une insondable tristesse, je rappellerai simplement que cefilm, sympa comme aller voir sa grand-mère très malade qui te reconnaît plus et qui te bave dessus de la bile qui pue, a été « réalisé » par Dean Murphy etqui restera à jamais connu sous le sobriquet du « fossoyeur ». C’est à cause de lui que la plus grande vedette australienne de tous les temps a été arraché des pages des livres d’histoire pour être balancéesans ménagement dans la gadoue des films de merde de notre époque. Tout a commencéen 2009 avec Charlie & Boots, une comédie que Murphy réalise en 2009 avec Hogan. Ils deviennentcopains comme cochons etcinqans plus tard, Murphy sort à nouveau Hoges de ses siestes bien méritées pour « Hanging with Hoges » un documentaire d’une heure consacré au bonhomme. Trois ans plus tard, les deux se retrouvent à nouveau pour « That’s not my Dog », un film de barbecue où différentes personnes se succèdent pour raconter des blagues. Visiblement, That’s not my dog est un film audacieux qui rendraithommage à la fascination des australiens pour leurs grilladesainsi qu’à leur amour des bonnes blagues, racontées une bière à la main en faisant sauterdes « shrimps on the barbie ». Je ne l’ai pas encore vu, mais je dois avouer que la bande annonce m’avait ôté toute idée d’aller plus loin dans ce sens. Ils n’avaient rien fait depuis 3 ans, ils ont donc remis le couvert avec ce film, sorti en 2020 sur Amazon Prime.
*Stephen Rommel, de The Australian, a écrit à ce sujet, « la chose la plus sympa qu’on puisse dire à propos du nouveau film de Paul Hogan, c’est qu’il contient la pire performance de John Cleese (et j’ai vu Créatures Féroces). »