Ceux qui restent
Aborder le deuil n'est jamais simple. Mais alors aborder le deuil d'un village entier... Houla, faut avoir de sacrées burnes ou alors être complètement inconscient. Je ne savais rien du scénario,...
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le 16 févr. 2017
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Des vies stoppées après un tsunami tuant 46 jeunes enfants. En résulte un état de deuil perpétuel, plus rien ne subsiste, Restent quelques vestiges de l'école que personne ne veut réparer. Les habitations conservent quelques traces d'une vie passée. Peu se parlent, et restent dans leur souffrance. Seul reste un village désolé où la gravité et l'immobilité sont à chaque plan. S'accrocher à sa culpabilité, et vivre avec les fantômes du passé pour ne pas avancer, ne plus vouloir d'enfants, ne plus vouloir quitter le village, ne plus vouloir vivre comme pour se flageller encore un peu plus, attendant un signe de Dieu pour justifier de la perte.
Le metteur en scène, Julio Quintana dont c'est le premier film est un homme croyant, on le suit pourtant dans sa métaphore biblique, collaborateur de Terrence Mallick on peut y trouver quelques inspirations, tant sa photo que les silences ou encore ses longs plans qui filment l'absence sont de toute beauté et montrent sa maîtrise de la narration.
Pourtant pas de morale ici ou de foi appuyée et réductrice, plutôt le rapport entre la foi et ses mystères...de la croyance à la raison. Quintana en profite pour rappeler l'importance de la solidarité d'une communauté dans une société devenue individualiste,. Un petit groupe qui choisira ou pas de s'entraider dans l'adversité en s'oubliant au profit des autres. Le traumatisme est montré comme inébranlable, toujours présent 10 ans après le drame pour appuyer le propos de Quintana sur le deuil qui perdure et que rien ne pourrait contrebalancer. Le temps s'est arrêté. Léo lutte lui aussi, en silence, et décide de construire un Bateau sur les restes de l'école. Pourquoi ?
Léo (Lucas Quintana frère du réalisateur) vit avec sa mère (Fidélia !) qui depuis le drame où un de ses fils est mort, ne parle plus (joue t-elle pour se conforter dans son malheur ou attend-elle un signe ?) Mais Léo meurt accidentellement...et ressuscite au bout de trois jours. Cette résurrection est considérée comme un miracle par le Père Douglas (Martin Sheen) persuadé que Léo a été touché par Dieu. D'une blessure sur son pied rappelant la crucifixion, ou de son travail de menuiserie sur un bateau le rapport est vite fait. Le père Douglas espère enfin un retour à la foi pour ses fidèles déserteurs et la vie semble de nouveau pointer par des désirs d'enfants et de nouvelle passion amoureuse signe de renaissance.
Mais devenir une idole suite à un miracle (?) peut servir autant le prêtre des lieux que desservir Léo lui-même, si tant est qu'il ne puisse accomplir les miracles demandés. Un nouveau bouc émissaire est né, encore une fois à l'image de Jésus, permettant à chacun de le rendre responsable de tous leurs malheurs et de révéler la part sombre de l'homme, dans sa foi dénaturée, d'autant plus appuyée par la mise en évidence de leur dérive quotidienne.
Le message ouvert malgré un fort symbolisme permet de suivre l'intrigue et d'en faire sa propre interprétation, ce qui est trés confortable lorsque l'on traite de ce sujet.
On y voit plus une question propre à l'humain, à ses doutes et à l'espoir plutôt qu'à la foi. Un thème universel, dans un lieu intemporel, servie par une musique de Hanan Townshend se fond "à -la- merveille".
Les seuls bémols peut-être, un manque d'émotion parfois et la version originale, en anglais, pour un village qui parlerait plutôt l'espagnol, dénature l'ensemble, mais les acteurs sont justes et crédibles et la beauté lunaire de l'actrice Jacqueline Duprey renforce le sentiment de douceur et de délicatesse dont le film fait preuve tout du long parsemant l'ensemble de gestes d'amour simples qui font chaud au coeur.
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le 3 févr. 2017
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