LE PROF DE FACULTE (américain) et L'IMMIGRE syrien)
Un beau film bien interprété
Jenkins joue un triste prof d’université plutôt rébarbatif qui par exemple refuse de prendre un devoir remis en retard par un élève sans chercher à comprendre son problème. Le sommet du film c’est son aveu touchant à Hiam Abbass. Il ne fait rien, n’écrit pas, répète le même cours depuis vingt ans. Il fait semblant. Il ment à tout le monde. Hiam Abbass, visage sculpté, merveilleuse héroïne de « satin rouge » le remercie de lui avoir fait cette confidence. Simple, digne, élégante, elle incarne, pour moi, les syriens sans visage qui meurent là-bas, en Syrie, en cette année 2014 ou bien ces arabes caricaturés en islamistes dangereux dans nos pays
un commentaire sur la fin, inattendue mais intéressante :
Jenkins a trouvé son appartement new yorkais occupé par Haaz Sleiman un immigré clandestin syrien, celui-ci lui enseigne à jouer du djembé puis est arrêté. Sa mère Hiam Abbass inquiète, s’enquiert auprès de Jenkins du lieu de détention de son fils, Jenkins l’invite à rester chez lui et une relation sentimentale se développe doucement entre eux. Le fils est expulsé, sa mère part le rejoindre en Syrie ;
Le happy end est éludé. Jenkins et Abbass se reverront-ils ?
Un peu d’irritation face à cette fin. Je comprends qu’une mère parte pour retrouver son jeune enfant, je comprends qu’elle vienne à New York à proximité de son fils emprisonné, même si elle ne peut rien faire pour lui. Je comprends mal qu’elle reparte en Syrie, le lendemain de l’expulsion de son fils adulte et libre. Je le comprends d’autant moins qu’elle est en train de tomber amoureuse d’un homme qui semble l’aimer aussi.
Et cependant
Cette fin recentre le film sur le personnage de ce prof qui a retrouvé le gout de la musique, de l’amour, de la sincérité en aidant une famille d’immigrés et en jouant avec un rythme africain (en 3 temps au lieu de 4) d’un instrument autrement moins noble que le piano dont il essayait de jouer au début du film