Habitués que nous sommes aux esthétiques souvent léchées, ultra-modernes et sophistiquées du cinéma indépendant américain, on en oublie que certaines réalisations filmées avec la grâce de la sobriété recèlent également une très grande puissance émotionnelle.
Véritable coup de coeur visionné hier soir, The Visitor nous raconte l'histoire de Walter, taciturne prof d'université, veuf et désoeuvré, aussi peu avenant qu'esseulé qui, un beau jour, découvre que son appartement new-yorkais est occupé par un couple de clandestins, Tarek, un Syrien super expansif et Zainab, une belle Sénégalaise à la timidité farouche. Va naître entre les deux hommes une amitié étonnante rythmée par les sons de djembé auquel le jeune homme tenter d'initier Walter. Mais un jour, Tarek est arrêté et conduit en détention, sans aucune idée de ce qui l'attend. En parallèle, sa mère cherche à le retrouver et rencontre Walter.
Derrière une histoire d'amour et d'amitié absolument merveilleuse, filmée avec une pudeur admirable, on découvre une brûlante analyse politique sur le traitement des immigrés clandestins, qui ne peut susciter que la révolte chez le spectateur...Et chez Walter qui, peu à peu, de passif et fermé, va se muer en homme de conviction, habité et presque militant, explosant de rage face à une injustice aussi insupportablement arbitraire. On assiste tout simplement à l'ouverture d'un homme aux autres et au monde et à un changement de vision profond qui va bouleverser sa vie à tout jamais.
Un film absolument magnifique, que je recommande à tous les cinéphiles qui me liront !