A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir refermé ce livre, je me suis demandée si ces gens-là l'avaient vraiment lu : en effet, je n'ai rien trouvé de bien choquant ou qui pourrait s'apparenter à une quelconque islamophobie de la part de ce très grand romancier. On y retrouve, comme d'habitude, un personnage central brillant mais au bord du suicide, bougon, seul et désoeuvré, à la sexualité contrariée, parangon de l'occidental célibataire qui subit de plein fouet les affres d'un individualisme grandissant. J'y ai également trouvé de superbes descriptions du Lot, des explications aussi lyriques que précises de certains concepts de l'Islam, une très belle ode qui file tout le roman, à Huysmans, une féroce peinture socialo-politique ...et surtout une certaine islamophilie dans ce désir de "pédagogiser" cette religion. Vraiment un excellent cru que ce Houellebecq, toujours aussi talentueux et incisif dans les tableaux qu'il brosse des turpitudes et des préoccupations de notre société.