Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film pouvait être véritablement grandiose.
Je vous jalouse, vous qui l'avez vu sur grand écran et en 3D : à plusieurs reprises, je me suis dit que cette expérience avait dû être fabuleuse. Je regrette un peu de ne l'avoir vu que sur mon petit écran, mais enfin la vie est faite de déconvenues.
Encore que déconvenue n'est pas le terme que j'emploierais ici car j'ai passé un moment en tous points exceptionnel à regarder ce film qui, pour moi, est tout simplement une anthologie de l'action pure. Une fresque flamboyante, folle, punk, rock, d'une créativité absolument fascinante, qui fait battre le coeur à 200 à l'heure tout du long. J'ai dû mettre pause une ou deux fois histoire de reprendre mon souffle tant l'adrénaline montait, montait, sans jamais redescendre. De mémoire, je crois n'avoir jamais vécu une expérience aussi intense au cinéma.
Je me souviens d'un spectateur qui, au sortir de la séance cannoise, avait dit qu'il avait pris un shoot d'héroïne visuelle pendant 2h : on ne saurait mieux dire, c'est exactement ça. Une action portée à un tel degré de frénésie, avec ces engins tout droit sortis d'un cauchemar apocalyptique et futuriste, ces personnages incroyables, ce groupe de rock accroché à l'avant d'un camion, ce désert à perte de vue, cette profusion de mille détails si créatifs (il faudrait s'arrêter sur chacun pour apprécier la qualité des costumes et des décors), ces scènes d'une violence inouïe qui s'enchaînent...Quand je pense que George Miller a 70 balais, eh bien il en a encore sous le capot, si vous voulez mon avis !
J'avais pu écrire lors de mon premier visionnage (en décembre 2015) que le scénario était un tout petit poil faiblard - qu'on me permette de renier ce propos. Car nous avons face à nous ni plus ni moins qu'un odyssée distopique de la plus belle et innovante espèce. Fable féministe, symbolique, presque psychanalytique (ces ventres de femmes sacralisés, ce lait que boivent les guerriers, ce multiples personnages qui se sacrifient, ces paysages inconnus, infernaux...), Mad Max : Fury road est aussi un récit qui n'oublie pas son héritage mythologique. Ainsi de Max, fixé à l'avant du véhicule fonçant à toute allure dans le désert, qui n'est pas sans rappeler Ulysse fixé à l'avant du navire sur un mât, contraint d'écouter le chant des sirènes...
Avec une photographie sublime - certains plans sont de vrais tableaux - et une brochette de minettes splendides qui ne s'en laisse pas conter : nous avons là un film à la fois moderne, avant-gardiste et porteur d'un héritage intellectuel puissant qui devrait nous inspirer.
N'ayons pas peur des mots - et on sait ici que l'emphase ne m'effraie pas : Mad Max : Fury Road est un pur chef-d'oeuvre.