Attention, OCNI !
Vous l'avez compris, cet acronyme désigne un film étrange, brillant, décalé et pour le moins hybride. J'en veux pour preuve sa double sélection au Festival International du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez ainsi qu'au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer (récompensé par le Prix du Public de cette 22ème édition).


The Voices est ma première expérience de Marjane Satrapi en tant que réalisatrice. Auteure tranchante de Persepolis, j'avais hâte de découvrir cette intelligence dans un long métrage qui s'avère être résolument drôle et empreint de cynisme.


Bien que ce film repose sur des effets conventionnels, il apporte une réelle fraîcheur et renouvelle ainsi l’intérêt porté à ce type de comédies noires.


Premièrement, la mise en scène des réalités superposées provoquées par la condition mentale du héros est très réussie. L'utilisation de marqueurs visuels étant d'ordinaire réservée aux ellipses temporelles, avec notamment une manie d'utiliser le noir et blanc ou le grain pour symboliser le passé (SK1 es-tu là ?), Marjane Satrapi porte ici son dévolu sur la gestion de la couleur et des décors. Afin de montrer la confusion de notre personnage principal, elle alterne entre un univers réaliste et un autre plus bariolé, plus propre et plus fantaisiste. Je regrette d'ailleurs que ma consœur éloch m'ai devancé sur ce point, on a parfois l'impression de reconnaître la patte de Wes Anderson !


Le second point qui a retenu mon attention est la caractérisation de la comédie. Alors que le film d'épouvante use souvent de ressorts comiques pour créer une sorte de genre parodique, The Voices fonctionne sur des mécanismes assez différents. D'ordinaire, le rire émane de scènes horrifiques tournées en dérision, soit par la tournure des événements, soit par le comportement des personnages. Ici, les scènes de meurtre sont traitées dans le plus grand respect des codes classiques du genre, sans que cela ne donne vraiment envie de sourire. Tout le pouvoir comique provient en réalité du caractère cynique et ironique que revêt la mort. Notre tueur est un peu simplet, sous le joug d'un dilemme intérieur symbolisé par son chien et son chat (Milou a connu le même problème dans les vallées tibétaines), et se retrouve à tuer accidentellement des individus qu'il affectionne. Malgré son évident bagage psychiatrique, les événements tragiques auxquels il participera ne trouveront leur origine que dans le hasard et la maladresse.


Ces deux éléments tendent à construire la double identité de ce film, à cheval entre comédie colorée et thriller d'épouvante. A force d'oscillations entre légèreté et crispation, on ne sait plus réellement à quel saint se vouer mais tant pis; à défaut d'étiquette, voici un film original et complètement déjanté.

Oneiki
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le 5 févr. 2015

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