Deuil de briques
Qu'il fait bon de voir un film récent qui ne dure pas 2h40. J'exagère à peine, mais déjà, sous la barre des 2 heures ils sont rares, mais sous celle des 1h45 ils se comptent sur les doigts d'une...
le 18 juin 2017
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Comme l’indique le carton en début de film, The Wall nous conte l’histoire de deux soldats américains lors du retrait des troupes américaines d’Irak, en 2007. Le sergent-chef Shane Matthews (John Cena) et le sergent Allen « Ize » Isaac (Aaron-Taylor Johnson) ont pour mission de débusquer un sniper ennemi qui a abattu le personnel présent sur le site de construction d’un pipeline.
À la réalisation, on a Doug Liman (tous les Jason Bourne et Mr & Mrs Smith). Il est intéressant de noter qu’Amazon a produit le film. À une époque où la mode semble être de trouver son financement ailleurs que chez les gros studios, des producteurs tiers (Netflix et Amazon en tête de liste) proposent de plus en plus de contenu original, souvent de bonne qualité. Je n’ai appris ce détail qu’au début du film et je me suis dit « Chouette! ». Puis j’ai vite déchanté.
Le film n’est pas mauvais en soi. La réalisation est soignée, le jeu d’acteur est bon. En même temps, John Cena n’a que trente lignes de dialogue et passe son temps à faire le mort, et le sniper ennemi, joué par Laith Nakli, ne pointe jamais le bout de son museau : on se retrouve donc devant A-T Johnson (Kick-Ass, Godzilla, Nocturnal Animals, etc.) qui passe 1 h 30 à déguster, à ahaner, à mourir de soif, à cuire sous le soleil — bref, vous voyez le topo. Sa prestation est très bonne, mais le manque de développement du personnage fait qu’on se fiche pas mal de ce qui va lui arriver. Dans un tout autre genre, le personnage de Di Caprio dans The Revenant passait, lui aussi, le plus clair de son temps à souffrir. Mais d’une, le film dure une heure de plus ; et de deux, Alejandro Iñárritu nous donnait plusieurs indices sur le passé de Hugh Glass afin que le public éprouve de l’empathie pour lui.
C’est donc là mon plus gros reproche adressé à The Wall : il s’essaye au huis clos et parvient à tenir le spectateur en pseudo-haleine pendant 1 h 30 de pellicule, mais une fois sorti de la salle, on lâche un gros « Mouais » et on passe à autre chose. Mis à part les traits habituels du G.I. américain qu’on retrouve chez Isaac (loyauté, bravoure, tout le patacaisse), il n’y a pas grand-chose d’autre à en tirer si ce n’est une histoire personnelle qui ne m'a pas touché pas plus que ça tant son côté lancinant a fini par m'ennuyer. Sans vous dévoiler un point d’intrigue, sachez simplement qu’Isaac porte avec lui un lourd secret, autour duquel tourne une partie du scénario, et qui, une fois révélé, n’a rien de bien sensationnel ou de surprenant. Dommage, quand on sait que, par moment, c’est plus ou moins ça, la carotte qui fait avancer le film.
Le gros de l’histoire (pas Obélix, hein !) consiste en une succession de conversations entre Isaac et le tireur irakien, lesquelles auraient pu être intéressantes si elles élevaient un peu le propos du film (pourquoi fait-on la guerre ? Qu’est-ce que le terrorisme ?). Il y a notamment cette phrase que prononce le sniper à un moment donné : « Si ton ami te tire dans le dos mais que tu survis, tu choisirais de le punir ? » et qui déclenche chez Isaac un instant de doute, d'hésitation, de réflexion... mais tout ça retombe très vite pour laisser place à l'action. À tout moment, on assiste à un début de débat, à une esquisse d’argumentation, sans que ça ne soit jamais vraiment le cas. Le dialogue suit son cours sans qu’aucun d’eux ne lâche quoi que ce soit. Ils se livrent à un vrai duel de volontés, mais sans tous les éléments qui nous permettent de ressentir quoi que ce soit pour l’un ou pour l’autre, notre investissement (et donc, notre intérêt) en pâtit.
The Wall a pour mérite d’instaurer une ambiance viscérale, par son choix de passer la bande-son aux oubliette (aucune musique durant tout le film hormis lors du générique) et en réussissant à recréer des conditions de combat tout à fait réalistes et crédibles. Il y a quelques rebondissements qui permettent à l’action de ne pas tomber à plat, mais la sensation de vide qui m’a étreint durant et à la fin de la séance n’est pas si facilement occultée par ces bons points. Un exercice intéressant, donc, mais qui, à mon sens, manque cruellement de profondeur dans le développement des personnages et la réflexion autour des thèmes de la guerre.
Créée
le 14 juin 2017
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