L'énorme blockbuster chinois au pitch certes assez original, qui constituait le premier volet s'est montré si populaire qu'il engendrerait une "suite", en fait un préquel, une caricature de blockbuster russe inspiré par les blockbusters hollywoodiens, encore plus débordante, qui inculquerait aux jeunes les valeurs d'une Chine fière et dominante dans un monde plus ou moins unis face à l'adversité.

On est simultanément confronté à deux des solutions proposées pour palier à l'explosion prochaine du soleil: opter pour une pseudo-vie numérique dans des serveurs enfouis sous terre ou, voir le titre du film, propulser la Terre vers un autre soleil. C'est donc d'un coté l'I.A avec ce ce qu'on peut trouver de plus pathétique puisqu'elle s'exprime à travers une petite fille inconsciente de n'être qu'une machine et d'un autre, une série de catastrophes alliant bugs technologiques, défaillances humaines, idées de dernière minute salvatrice après échecs des plans, sacrifice de sa vie pour la collectivité. Bien qu'officiellement envoyée aux chiottes, la solution "vie numérique" demeurera indispensable au succès des opérations et par là à l'incontournable happy-end de ce foutu préquel.

Les échanges entre nations relèvent de la satyre avec toujours la Chine bonne comme le pain en toute camaraderie avec la Russie et des interlocuteurs occidentaux qui font fausse route de façon désagréable tout en restant très politiquement correcte (ils sont en réalité beaucoup plus véreux et torves). L'axe principal se veut extrêmement humaniste et familialiste pour nous dépeindre des rapports sociaux irréprochables avec des êtres valeureux de toutes ethnies qui ont un cœur gros comme ça.

Une des originalité du scénario est qu'il n'y a pas de méchant, pas de traître, de salaud, mème pas d'incompétent ni de maladroit, juste pas de bol pour pas mal de personnages voulus attachants (alors qu'en fait, euh...)

Au moment où il faut que se désignent 200 volontaires vers une mort certaine pour sauver la planète, voyant que beaucoup de jeunes hommes se proposent, la consigne change: "Les hommes de plus de cinquante ans font un pas en avant". Volontaires, ceux-ci s'avancent.. Le message est clair: pas besoin de personnes d'expérience qui acquièrent une vision réaliste de la vie et de la société, le monde futur a besoin de bras vigoureux et de cerveaux malléables, ça sent l'euthanasie des vieux.

Ce qu'on nous montre des technologies futures se veut aguicheur pour les jeunes et on peut sentir un petit air de soap-opera: Le produit à faire avaler c'est l'armée avec ses drones et ses robots, ces hommes d'honneur, ces filles bagarreuses mais non moins sexy. C'est l'armée en temps de paix avec une catastrophe naturelle sur la planche, beaucoup de morts mais quel panache !

On suit scrupuleusement les plans qui échouent et il y a toujours quelqu'un pour arriver avec la solution ultime et salvatrice après qu'on ait bien vidé son soul de désespoir face à l'échec, ce leitmotive frise la redondance.

Du point de vue cinéma, c'est du film catastrophe gonflé aux stéroïdes, avec décors démesurés et action un peu trop trépidante mêlé de scène à l'eau de rose un peu trop pathétiques, comme cette sous-romance complètement scolaire. On demande de la tolérance pour le jeu d'acteur et les dialogues qui se veulent didactiques pour cultiver un peu l'audience tout en singeant les vannes standardisées à la Marvel que s'envoient les gens qui s'entendent bien. Les grand moyens sont mis en œuvre pour fournir une photographie très professionnelle visant la symétrie et la perfection, dans le genre arti décomplexé.

On est clairement du côté chinois mais ça raconte des histoires d’amerloques à la façon amerloque...

tobor
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le 5 juin 2024

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tobor

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