Justin Long est pour moi un acteur sous-exploité. Bien qu’il soit apparu dans quelques grosses productions telles que Die Hard 4 (2007) ou Galaxy Quest (1999), sa filmographie est essentiellement composée de petits films pas forcément très connus ou des films de genre l’empêchant d’être découvert par le grand public. Possédant des faux airs de Keanu Reeves période Matrix, il arrive souvent à porter sur ses épaules les films où il interprète le rôle-titre, comme c’est le cas dans The Wave, premier film de Gille Klabin, jeune réalisateur venu du milieu du vidéoclip. A mi-chemin entre la comédie romantique et le film de drogue, The Wave est une course contre la montre qui défie les lois du temps qui passe, critiquant au passage certains déboires du capitalisme. Un film au rythme à la fois frénétique et onirique pour un résultat des plus sympathiques.
Frank est un avocat qui travaille pour une grande entreprise sans âme qui aime profiter de la souffrance des autres. Grâce à ses compétences, il a pu trouver une faille qui permettra de refuser une énorme police d’assurance-vie à la famille d’un pompier décédé. Cela augmentera les profits de son entreprise et fera de lui un cadre indispensable. C’est tout ce qu’il pouvait espérer… du moins, c’est ce qu’il pense car il a été conditionné à penser ainsi. Mais sa vision du monde va radicalement changer après qu’il ait accepté de passer une nuit à boire avec son collègue Jeff. Après avoir rencontré deux femmes, Nathalie et Theresa, dans un bar miteux, ils finissent leur soirée dans une fête dans une maison aux alentours. Au fil de la nuit, Theresa et Frank se rapprochent et finissent par prendre une mystérieuse drogue hallucinogène offerte par un dealer menaçant. Cette drogue va le frapper « comme une vague » (d’où le titre du film) et va envoyer Frank dans un étrange voyage. Il est apparemment capable de sauter dans le temps mais se voit souffrir d’horribles hallucinations qui lui donnent l’impression de perdre la tête. Pour couronner le tout, Theresa a disparu. Frank va embarquer Jeff et Nathalie pour essayer de la retrouver tout en essayant de comprendre ce qu’il s’est réellement passé cette nuit-là, d’assembler les pièces du puzzle, mais aussi de faire le point sur sa vie. A partir de là, The Wave ne s’arrête jamais, nous emportant dans le périple halluciné de Frank. Bien que la mise en place du film fasse parfois penser à celle de Very Bad Trip, il ne s’agit pourtant pas d’une pure comédie. Il y a de la légèreté mais, pour l’essentiel, The Wave est un voyage dramatique et halluciné qui saute d’un moment à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’une réalité à l’autre, tandis que notre héros va peu à peu reconstituer lentement non seulement sa nuit, mais aussi son but. Même si le scénario de Carl W. Lucas n’est jamais aussi intelligent ou profond qu’il le pense, il parvient à exploiter une certaine douceur dans son propos qui contrebalance avec tout le chaos du trip du personnage de Frank.
[ATTENTION SPOILERS] Ce chaos est représenté par un rythme assez frénétique dès que le film est lancé. On a une réelle énergie et des surprises dans les révélations finales. Les péripéties sont mouvementées mais on peut reprendre son souffle lors de quelques passages très oniriques, complètement hors du temps. A plusieurs moments, on se demande si tout ceci n’est pas qu’un gros délire et qu’en fait rien de tout cela n’est réel. Alors on attend impatiemment la fin pour voir si on a raison. Puis lorsque cette fin arrive, on se souvient des premiers mots prononcés en tout début de métrage, parlant d’une expérience permettant à ceux qui s’y prêtent de se rapprocher des effets survenant dans notre cerveau au moment où on est sur le point de mourir. Du coup, on se pose la question si tout le film n’est pas en fait ce qui se passe dans la tête du héros alors qu’il est en train de mourir après s’être fait renverser par une voiture. La mise en scène de Gille Klabin se permet du coup des délires visuels très stylisés, très colorés, et surtout assez impressionnants pour un petit budget, sans que cela ne fasse trop clipesque / tape à l’œil étant donné qu’il s’agit des délires et autres visions du jeune héros après qu’il ait ingurgité cette fameuse drogue. Dommage malheureusement qu’on n’en sache pas plus sur cette substance car le film manque parfois un peu de développement sur certains aspects. Même chose pour certains personnages qu’on aurait aimé plus approfondis ou certaines idées du film qui ne semblent pas aller jusqu’au bout. Mais cela est peut-être voulu, afin de laisser en suspens certaines questions puisque tel semble être l’envie du réalisateur lorsque sonne le générique de fin. Mais quoi qu’il arrive, The Wave arrive à être divertissant de bout en bout.
Pour son premier long métrage après avoir œuvré dans le milieu du vidéoclip, Gille Klabin nous propose un divertissement réussi, certes pas parfait, mais néanmoins très encourageant pour la suite de sa carrière. Une expérience cinétique à voir pour passer un bon moment.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com