A première vue, The Way n'a rien de sensationnel. C'est l'histoire d'un homme âgé qui se lance dans le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle à la suite de la mort de son fils, décédé sur le parcours. Il rencontrera dans son périple d'autres pèlerins qui marcheront à ses côtés. Pour peu on pourrait se croire dans un comédie romantico-dramatique lambda, avec ses intrigues, morales et clichés habituels. Mais il n'y a rien de tout cela.

The Way part du principe que tous ceux qui parcourent le Camino de Santiago le font pour une raison, pour un but profond, et est en cela un film véritable humain. Il raconte avant tout l'histoire de pèlerins, et dépeint ainsi des portraits avec une sincérité assez rare au cinéma. Ici, pas d'artifice, pas de pathos à tire-larigot, même si certains personnages sont un peu excentriques ils sont tous profonds, fouillés, quasiment réels. C'est cela qui m'a véritablement plu, l'impression que ce film aurait pu être un reportage, et non une fiction, tant tout a l'air tiré de témoignages, de récits de vie. Ces personnages ont tous un passé, des douleurs enfouies, mais contrairement à une grosse masse de films on ne nous étalera pas tout en large et en travers, mais on laissera enfoui ce qui a été enfoui, un regard parlant plus que milles explications. Par exemple, pour quelles raisons Jack refuse-t-il d'entrer dans les églises, pour finalement afficher une peine sans nom quand il osera enfin mettre les pieds à l'intérieur d'une cathédrale ? Il n'en parle pas, donc on n'en sait rien. Ca n'a peut-être pas d'importance, mais c'est ce genre de détails qui font la complexité des personnages, dans la mesure où ils existent en dehors du cadre narratif du récit.

De même, j'avais peur que le récit autour du deuil du père tire du côté du pathos, mais l'émotion est franche, sincère elle-aussi. C'est fait très sobrement, simplement, et je trouve cela d'autant plus émouvant. Quand on sait que Martin Sheen (le héros) est le père du réalisateur, et que c'est celui-ci qui joue le fils, on comprend davantage la relation intimiste qui les unie pendant le film.

The Way est un road movie, et est ainsi construit en tant que tel. Les héros suivent leur chemin et font constamment de nouvelles rencontres, vivent de petites aventures. On va d'histoires en histoires, c'est un style qui me plait de plus en plus.

Mais The Way est aussi une déclaration d'amour au Camino de Santiago. Les plans sur les décors sont vraiment jolis, sans les trahir et sans vouloir les rendre plus beaux qu'ils ne le sont en réalité par le biais d'effets en tout genre. S'il ne fait pas beau ce jour-ci du tournage, il ne fait pas beau, et puis voilà. La bande originale qui accompagne les décors est très belle et arrive à transmettre tout un tas d'émotions.
Mais surtout il y a une véritable volonté à retranscrire fidèlement ce qu'est la traversée et ce qu'elle représente pour les pèlerins. Le film a d'ailleurs été tourné sur place et dans le véritable ordre du cheminement.

En somme, The Way est surtout une bonne surprise à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Pas un chef d'oeuvre, mais un film sincère, qui raconte des histoires humaines, mais qui les raconte bien. On y croit toujours, on s'attache aux personnages au point d'avoir l'impression de devenir potes avec eux, c'est un sentiment très agréable. Un beau film qui a su m'émouvoir de manière juste.

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le 4 oct. 2013

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