Les opinions de Sam Green et Bill Siegel au sujet du mouvement "The Weather Underground" ne sont pas tout à fait claires, et ce n'est pas un problème, mais en tant que documentaire informant sur l'état d'esprit de ces gens et tentant de faire le pont entre leurs actes dans les années 1970 et ce qu'ils gens sont devenus aujourd'hui (au début des années 2000), le résultat est intéressant. Je ne connaissais pas précisément les agissements de cette "formation armée révolutionnaire" (leur nom provient d'une chanson de Bob Dylan, "you don’t need a weatherman to know which way the wind blows") au milieu des mouvements opposés à la guerre du Vietnam, et pourtant leurs intentions étaient parmi les plus tranchées. Ils souhaitaient reproduire la violence exportée au Vietnam sur le sol américain, pour forcer la prise de conscience, et renverser le gouvernement de Nixon élu en 1968.
C'est donc l'histoire d'une petite poignée de militants d'extrême gauche aux idéaux révolutionnaires, issus de la classe moyenne (supérieure), prêt à faire déborder le débat sur le terrain de la lutte armée au travers de nombreuses bombes posées un peu partout. Leur mot d'ordre était de ne tuer personne, en se focalisant sur des dégâts matériels symboliques, et les seules personnes mortes furent 3 militants qui confectionnaient leur bombe artisanale. On comprend que le FBI était à leur poursuite et que le mouvement se terra dans la clandestinité pendant une quinzaine d'années, jusqu'à la fin de la guerre du Vietnam et leur reddition.
Le docu rate le coche sur quelques points mais il reste très intéressant dans ce qu'il montre de l'attitude de quelques protagonistes, la grande diversité de leurs réactions et de leur évolution sur 30 ans, en balançant les images d'archive avec des entretiens contemporains. Il y a de tout : certains assument et revendiquent là où d'autres doutent ou regrettent, plein de honte. Le contraste est très fort et questionne leurs visions de l'utopie révolutionnaire, entre désillusion et déclics divers (l'accident mortel notamment), avec quelques points de convergence avec les Black Panthers.
Beaucoup de témoignages de la mentalité de l'époque : "Our nation was murdering people, and we didn’t know what to do about it", "Opposing the war was urgent and immediate", "The group's activity fit into a period of revolution in the whole world and I didn’t want to miss it", "It was too big. We didn’t know what to do ... I don’t know what needs to be done now, and it’s still eating away at me, just as it did 30 years ago". Le film montre aussi les côtés moins romantiques de leur lutte, ce côté frustration bourgeoise — le doc ne s'embarrasse d'ailleurs d'aucune analyse en profondeur du système américain, et c'est cette absence de perspective analytique qui fait défaut principalement. Certains sont désormais épanouis dans leur vie professionnelle, d'autres sont en prison, mais on a un peu de mal à appréhender précisément la base politique commune, le portrait étant très fragmenté et individuel.