The Wonderful Ice Cream Suit est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite par le grand Ray Bradbury et produite par Disney (Buena Vista) qui le destinait à la vidéo. Le film ne bénéficiera donc jamais d’une sortie salles, en raison d’un imbroglio contractuel qui impliquait de devoir payer tous les acteurs et l’équipe technique une seconde fois, expliquant également qu’il soit longtemps demeuré inédit dans nos contrées. Il s’agit d’ailleurs d’un virage assez surprenant dans la carrière de Stuart Gordon, dont la filmographie était jusque là plutôt tournée vers le cinéma d’horreur et la science-fiction, même si Space Truckers affichait déjà cette dimension parfois non-sensique, le transformant immédiatement en nanar d’ampleur cosmique. Ce n’était pas sa première expérience avec la firme aux grandes oreilles puisqu’il avait déjà écrit le scénario de Chérie j’ai rétréci les gosses, qu’il aurait normalement du réaliser à l’origine.


En ce qui concerne The Wonderful…, malgré un budget riquiqui, le réalisateur s’en sortira avec les honneurs grâce à une mise en scène soignée, si bien qu’il remportera le prix du meilleur réalisateur au pas vraiment prestigieux Fantafestival de Rome, bien que le cachet télévisuel paraisse désormais quelque peu daté. L’histoire réunit cinq loosers invétérés des bas quartiers, qui vont réunir leurs maigres économies pour se tailler un costard d’un blanc étincelant qu’ils porteront chacun leur tour. Mais le costume a également des propriétés magiques qui permettent de réaliser les rêves de celui qui le porte, ou du moins de lui offrir l’assurance nécessaire pour l’aider à les concrétiser. Rien d’amoral néanmoins contrairement à ce qu’à pu nous habituer le cinéaste. Le blanc, c’est la couleur de la sagesse, de la royauté, la même que Michael Jackson portait sur la couverture de Thriller avant qu’il ne devienne lui-même un blanc de bonne famille, et puis surtout c’est la classe à Dallas.


Il n’y a pas de secret dans la vie, et il sera toujours plus difficile pour un banlieusard de pécho que pour un homme bien sapé de tirer un coup. C’est bien connu après tout, les femmes sont toutes des garces vénales qui aiment le pouvoir et le pognon. Et puis un latino qui déboule de son ghetto a l’air tout de même plus réglo lorsqu’il est tiré à 4 épingles. Alors que l’on aurait pu s’imaginer assister à des bisbilles pour se départager la paternité du costume, ce sera étonnamment tout l’inverse qui se produira. L’entre-aide sera finalement meilleure conseillère quand il faudra protéger leur étoffe des tâches de gras et des éclaboussures de vin. Chacun vivra son épiphanie le temps d’une heure éphémère : Gomez sera frappé d’une illumination divine, un autre suscitera l’admiration tandis que les autres iront courir les filles, jouer les toréadors et les beaux parleurs, ou bien écumer les bars au risque de saloper le costard et d’annihiler l’équilibre précaire du groupe d’amis.


Il faut bien reconnaître que les acteurs s’en donnent à cœur joie quitte à partir en roue libre totale, notamment Joe Mantegna (La Peau sur les Os, Le Parrain 3) dans la peau d’un célibataire extravagant et maniéré, tandis que Edward James Olmos (Blade Runner) campe un clodo qui refoule du bec et sent plus mauvais qu’une poubelle. Le film comporte quelques scènes rigolotes et entraînantes, en particulier lorsque Dominguez se mettra à emballer toutes les filles en jouant les mariachis dans un flash mob dansant plutôt bien chorégraphié. En dépit de quelques moments plus embarrassants inhérents au cabotinage des acteurs et de quelques situations capillotractées, The Wonderful Ice Cream Suit finit par emporter l’adhésion grâce à son feel good communicatif et sa chouette morale du genre «Un pour tous, et tous pour un». Alors si vous n’avez pas les moyens de vous payer une Ferrari, sachez au moins mettre toute les chances de votre côté et comme direz ce cher Barney Stinson : «Suit UP !»


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