En 2020 sortait le film Becky, un home invasion inconnu du grand public qui compensait son manque d’originalité par une grande efficacité. Bien que son final n’appelle pas réellement une suite, il semblerait que ce petit film ait suffisamment marché pour qu’une séquelle soit mise en chantier dès l’année suivante. Les réalisateurs Matt Angel et Suzanne Cook, deux films à leur actif (The Open House en 2018 et Hypnotique en 2021), sont approchés pour écrire et réaliser cette suite. Le scénario est écrit en à peine trois semaines, le tournage guère plus, et c’est ainsi que sort discrètement en 2023 The Wrath of Becky, toujours avec Lulu Wilson dans le rôle de Becky, maintenant âgée de 16 ans. Betty a donc grandi, mais elle continue d’être traumatisée par les évènements du premier film qu’on nous rappelle en guise d’introduction. Mais ici, le home invasion ne sera que le point de départ d’une quête vengeresse car ceux qui ont vu le premier film savent qu’il ne faut pas emmerder Becky. Malheureusement, cette suite aura bien moins marché sur moi…
Pour rappel, dans le premier film, trois néonazis s’incrustaient chez la famille de Becky pour récupérer une clé qu’ils avaient caché là il y a plusieurs années, décimant peu à peu les membres de la famille de la jeune fille de 13 ans. Presque trois ans ont passé, et v’là que trois hommes qui l’ont emmerdé à son travail la suivent, s’incrustent chez la personne âgée qui l’héberge, tuent cette dernière et kidnappent le chien de la jeune fille. Son sang ne fait qu’un tour, et voilà que Becky décide d’aller les envoyer bouffer les pissenlits par la racine dans la maison de leur chef, meneur d’une branche d’un groupuscule néonazi appelé les Noble Men. The Wrath of Becky va reprendre un peu le même schéma que le premier film, utilisant les tropes standards d’un film de vengeance sans jamais chercher à s’en écarter, tout en tentant malgré tout de se différencier de son ainé afin que cela ne fasse pas trop redite. La chasse dans Becky avait lieu chez elle et dans le bois qui entourait sa maison. Ici, elle a lieu dans la maison des Noble Men et le bois qui l’entoure. C’était trois fugitifs néonazis qui venaient récupérer quelque chose dans sa maison dans le premier, ce sont ici des néonazis qui prévoient une insurrection dans la ville dans les jours qui viennent. Comme son grand frère, The Wrath of Becky n’a pas réellement de temps à perdre et rentre dans le vif du sujet très rapidement. Et comme son grand frère, il se veut un divertissement sec, violent, sans réelle concession. Mais The Wrath of Becky a un ton résolument plus fun que le premier film qui brillait par sa quasi absence d’humour. C’est ce qui faisait sa force et donnait à l’action et aux meurtres un bel impact. Ici, on est souvent plus dans la déconne avec des meurtres parfois outrageusement gores (tête qui explose, gorge tranchée, visage traversé par une flèche, charcutage à la machette, …) mais qui perdent clairement de leur impact. La dynamique familiale ainsi que les enjeux plus grands du premier film manquent clairement ici. L’élément de surprise a disparu et, bien qu’ils tentent de compenser cela par autre chose, cela fonctionne moins.
Ce qui change également, et pas pour le mieux (quoi que ça dépend des points de vue), c’est la technique. Exit la caméra à l’épaule du premier film qui nous amenait au plus proche des personnages (et en particulier Becky donc), et bonjour aux plans fixes et à la steadycam. Ce qu’on gagne en visuel (le film est objectivement plus joli), on le perd clairement en intensité et l’énergie de l’original est bien moins présente, d‘autant plus que les espaces entre les meurtres sont parfois assez longs malgré la courte durée du film (1h23 génériques compris). Lulu Wilson (Annabelle 2, The Haunting of Hill House) est toujours excellente dans le rôle de Becky et s’investit une fois de plus à fond dans son rôle, avec un côté Beatrix Kiddo de Kill Bill qui semble clairement avoir inspiré les réalisateurs / scénaristes. Sean William Scott (American Pie, Bloodline) est un peu passif, aussi bien le personnage qu’il incarne que dans son jeu d’acteur. Il est à contre-emploi, comme l’était Kevin James dans le premier Becky, mais ce dernier était bien plus convaincant. Pour les incohérences, elles sont encore plus improbables. Pourquoi ces crétins ne tuent pas tous les témoins alors qu’ils viennent de commettre un meurtre ? Pourquoi cette clé USB si confidentielle est laissée là branchée sur le PC sans surveillance ? Pourquoi s’habiller en rouge des pieds à la tête quand on compte faire du cache-cache avec les méchants dans une forêt (c’est quand même la pire couleur à choisir) ? Pourquoi lors de la scène de la grenade, la victime ne fait pas juste quelques pas en avant ? Le premier film en avait aussi par demi-douzaines, mais c’était compensé par une grande efficacité. Là, on a l’impression que personne n’a réfléchi réellement et s’est dit OSEF les incohérences. Le final too much est à l’image de ceux-là. On a l’impression qu’il y a eu un craquage de slip, que ça a fait rire tout le monde et qu’ils ne sont dit qu’ils allaient faire n’importe quoi. Ou alors c’était pour laisser la porte-ouverte à une suite ? Mais il y avait bien d’autres façons de procéder pour ça. Malgré tout, bien qu’il soit en deçà de son ainé sur bien des points, The Wrath of Becky est un film qui se laisse regarder mais qui s’oublie aussitôt que le générique de fin retentit. Un film moyen.
Suite sortie de nulle part du très sympathique et efficace home invasion Becky (2020), The Wrath of Becky tente de prolonger l’expérience mais peine à convaincre sur bien des points. Une suite dispensable.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-wrath-of-becky-de-matt-angel-et-suzanne-coote-2023/