De l'ombre chinoise à la lumière, despote light
[LEGER SPOIL (je sais même pas pourquoi je préviens, on s'en fout un peu pour ce genre de films non ?)]
Diffusé peu à peu hors de l'Empire du Milieu, "The Wrath of Vajra" nous raconte comment des enfants de tous horizons sont enlevés par un culte japonais, afin de devenir des tueurs à sa solde, dans le but de détruire la Chine de l'intérieur au beau milieu des années 30. Après un évènement tragique, l'un d'entre eux, que l'on nommera K-29, fuit et devient moine Shaolin. A la clé, entraînement intensif et tout le toutim. Il est pas content, et donc il va retourner défier Daisuke, le chef du Temple Hadès, histoire de le marave un peu, et de sauver les petits nenfants et quelques soldats qui se trouvaient là.
L'histoire adopte un angle original, très mal exploité hélas. Je suis loin de vous avoir dévoilé toute l'intrigue, le film dure quasiment deux heures, pourtant je suis déçu du traitement final. Il y avait énormément de choses à tirer d'un tel pitch, d'un tel contexte historique. On effleure bien le bouddhisme, le Tibet (ne serait-ce que le mot "Vajra", tibétain pour "tonnerre"), ou encore la guerre sino-japonaise mais bon...au lieu de développer ces aspects, on nous sert un truc ultra manichéen, le Japon étant dépeint comme le méchant envahisseur qui en plus s'en prend aux enfants. Le tout sans aucune nuance. Du coup on s'ennuie un peu par moments. Dès que le réalisateur essaie de raconter un truc en fait. En même temps, comment croire et s'accrocher à l'histoire quand l'un des personnages, répondant au doux nom d'Arnold, parle un français approximatif et a un fils qui se nomme Rossi ? Dois-je en dire plus ?
Ou alors fallait faire un truc d'une heure trente sans dialogues. Car presque deux heures pour un film de castagne, c'est long quand ça castagne pas en permanence, et qu'en plus l'histoire est mal racontée. Dommage aussi que les mômes ne se fassent pas botter les fesses ou si peu. Ils sont particulièrement agaçants par moments. Pourtant j'adore les mio...enfants, si si, je vous assure !
Question distribution, Yu Xong, moine Shaolin devenu acteur, trouve ici son premier grand rôle...en moine Shaolin. Très à l'aise en combat, il l'est beaucoup moins dès qu'il s'agit de faire passer des émotions (remarquez, la colère, il maîtrise, c'est déjà ça vu le titre du film). Idem pour Steve Yoo (toi, tu t'appelles Steve, avec ta...bref), un chef de secte bien musclé, crédible mais pas super charismatique, et surtout mono-expressif avec sa tête d'énervé.
M'enfin, après tout on ne se lance pas dans le visionnage d'un film comme "The Wrath of Vajra" pour son scénario ou son jeu d'acteurs, soyons sérieux deux minutes. On veut de la chorégraphie qui claque, on veut un "good guy" qui bo(lo)sse à plein temps, on veut du badass qui se fait martyriser, on veut des pains atomiques, on veut de la vengeance, on veut un prétexte au déboulonnage général plutôt qu'un scénario riche et construit. Et à cet exercice, "The Wrath of Vajra" s'apparente à un mix globalement réussi de "Ong Bak", de "300", d'un bon Wuxia et d' "Asura's Wrath", le jeu ! Le tout saupoudré de "Mortal Kombat" pour les affrontements successifs façon "ladder" jusqu'au boss de fin.
Doté d'un budget estimé à 100 millions de yuans (environ 16-17 millions de dollars), le film de Wing-Cheong Law propose une bonne dose de baston, superbement chorégraphiée la plupart du temps, et des mouvements qui défient parfois les lois de la physique. Certaines cascades sont d'ailleurs impressionnantes, sur un combat en particulier, bluffant, surtout lorsque l'on sait qu'il a été filmé quasiment sans câbles. Ces séquences sont agrémentées de CGI parfois assez laides il faut bien le dire, et filmées de manière stylisée. Dommage car les plus réussies sont souvent celles qui sont restées sobres. Parmi les effets employés, une pluie de zooms, qui m'ont rapidement fait songer à ça: http://www.youtube.com/watch?v=-WoQsLZmynY . Pas mal de ralentis aussi, surtout vers la fin. La photographie est soignée, particulièrement en extérieur. De beaux paysages, une scène de pluie typique et très efficace, pour un résultat assez inégal.
Pas encore disponible en France à l'heure où j'écris ces lignes, "The Wrath of Vajra" constitue donc un honnête défouloir, mélange plus ou moins heureux de genres et d'oeuvres plus connues. Vu l'enthousiasme suscité et la réception à l'international, le film, à réserver cependant aux amateurs d'arts martiaux insensibles à toute propagande anti-Japon, devrait trouver son public sur le net lors de sa sortie en DTV. Comme quoi, les chinois sont décidément les rois du "Monk e-business"...
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