Ovni 70's décrépi précédant les élucubrations d'un "Calmos" (au hasard), plus satirique et contestataire encore, plus glauque aussi, l'affiche moche à pleurer dégage assez bien pourtant le sentiment de mélasse et de révolte qui s'y étale. Brûlot anarchique dans un décor quasi unique, sorte de "Fenêtre sur cours" en milieu insalubre au cœur d'une banlieue désœuvrée, Michel Piccoli au centre est absolument déchainé, vocifère, s'époumone, enrage de sa condition d'ouvrier, emmure bientôt son entrée et détruit la façade de son appart' pour en faire une sorte de caverne ouverte sur une cours et de multiples vis-à-vis, s'adonnant bientôt aux pires dépravations les plus bestiales sous le nez de ses voisins, galerie de franchouillardise tous autant ouvriers que grincheux, le tout au cœur d'une ambiance post-soixantehuitarde remontée à bloc et grande ouverte sur l'improvisation.
Mais le plus dingue est ailleurs : aucun dialogue. Les interprètes utilisent des grognements et improvisent leur propre dialecte tout le long dans le style de "La Linea". Assurément perturbant, déstabilisant, et pourtant ça n'en reste pas moins parfaitement compréhensible. Film en lutte contre l'urbanisation aliénante et en révolte radicale contre le système et l'autorité, Themroc est décidément une comédie noire et militante très spéciale, forcément brouillonne sur les bords mais qui reste bien gravée, notamment par l'éclatante conviction de Michel Piccoli à entraîner comme personne tout le monde dans sa folie.