Themroc est un peintre en bâtiment à l'existence banale, où il vit dans un appartement avec sa mère et sa soeur. Un jour, à son travail, il surprend son patron qui drague sa secrétaire, et cela lui suffit pour rentrer dans une colère noire, rentrer chez lui en défonçant un mur, et à vivre comme un homme des cavernes, vivant ainsi tel un ermite.
C'est clairement un film de son époque, celle de l'après-68 où la jeunesse en particulier ne voulait plus vivre comme leurs ainés, à travailler sans relâche et où leur vie semblait filer entre leurs doigts. On pense aussi à des films italiens comme La classe ouvrière va au paradis dans le sens que c'est aussi sur la révolte, sur une France de l'époque Pompidou qui veut marquer un changement tangible. D'ailleurs, la grande idée du film est qu'aucun dialogue n'est compréhensible. Tous parlent avec des cris, des borborygmes, des grognements, et pourtant tout à l'image est intelligible ; bien que ça soit un peu grossier, c'est sans doute l'idée de revenir à quelque chose d'essentiel, de primitif, où les gens sont tellement abrutis par leurs vies qu'il ne peuvent plus s'exprimer.
L'autre force de Themroc est dans son casting hallucinant ; Michel Piccoli avec des cheveux roux (idée pour marginaliser encore plus son personnage), Henry Guibet, Patrick Dewaere, Miou-Miou, Coluche, Romain Bouteille... la plupart ont des rôles assez courts, mais tous semblent adhérer au message du film, qui est clairement dans le libertaire et l'anarchie, au point que quasiment personne n'a été payé.
De plus, histoire d'enfoncer le clou, le film se permet de briser deux tabous, qui sont l'inceste et l’anthropophagie, là aussi dans l'idée de liberté. Claude Faraldo a réalisé quelque chose qui est unique dans le cinéma français, qui enfonce sans doute à coup de portes ouvertes le fait que la société doit changer, mais je trouve ça réjouissant, énergique, fou. Ça dérange, mais ça fait du bien !