Souvent considéré comme le pré-"Scream", ce film réalisé par Rolfe Kanefsky n'est pas mal du tout mais possède tout de même un certain côté "amateur" qui déçoit. Enfin, d'un autre côté, le film a été réalisé avec les moyens du bord, le réalisateur de vingt ans a en effet dû trouver des fonds à droite, à gauche (jusqu'à hypothéquer la maison de ses parents) pour pouvoir mettre sur pied son scénario se moquant des films d'horreur. Sorti en 1991, le film n'a été révélé que récemment puisqu'il s'est planté à chacune de ses petites sorties nationales dans les années quatre-vingt-dix. C'est réellement "Scream" qui remettra le slasher et plus largement le film d'horreur à la mode quelques années plus tard, basé sur le même principe. De là dire que Wes Craven a plagié de film de Kanefsky, il y a quand même un gouffre. Puisqu'hormis le côté méta, certes novateur à l'époque (et aujourd'hui bien trop présent pour que ce soit original), les films sont diamétralement opposés. Tandis que l'un met en scène un véritable film de monstres uniquement porté sur la comédie (avec certes des effets gores bien présents), l'autre est bien plus porté sur le slasher pur et dur qui remet simplement en cause les codes du genre avec ce second-degré. Il n'y a finalement que le personnage de Randy de "Scream" qui peut effectivement s'être beaucoup inspiré de Mike. Puisque c'est grâce aux connaissances du genre des deux personnages que certains de leurs comparses pourront s'en sortir vivants. Pour en revenir au film en lui-même, je reconnais avoir été un peu sévère en pointant du doigt le côté "amateur" du film car c'est également ce qui fait son charme. Nous avons en effet l’impression d'être devant une série B un peu pourrie des années 80 alors que le film est bien plus malin et novateur, encore une fois avec ce côté méta, très original pour l'époque. Mais ce côté méta est quelques-fois poussif, notamment dans les nombreuses répliques de Mike qui reprend systématiquement ses amis, qui en devient agaçant à la longue. Car ce n'est pas la petite réplique clin d’œil par-ci, par-là, ce sont des répliques qui deviennent récurrentes et qui rendent même quelques-fois le personnage détestable, ce qui est bien dommage. Concernant la mise en scène, elle est encore une fois très maligne puisque le réalisateur parvient à pallier le manque de moyens avec beaucoup d'hors-champ et un montage intéressant, bien qu'il n'hésite pas à nous servir quelques scènes franchement gores. "There's Nothing Out There" est donc un film intéressant, surtout pour comprendre les mécaniques de "Scream", mais reste que trop peu marquant à cause peut-être d'un scénario, paradoxalement, un peu trop convenu.