There was blood, there is blood and there will be blood
J'aime les films qui racontent l'histoire d'un personnage détestable (Taxi Driver, Orange mécanique, The Social Network). J'aime quand le cinéma s'intéresse à ces personnalités auxquelles il ne prête d'habitude que très peu d'attention en les caricaturant la plupart du temps.
Ici, pas de caricature, Daniel Planview (Daniel Day Lewis en pleine forme) est une vraie ordure et pas question de lisser les bords.
A l'adage "Tous les chemins mènent à Rome", Planview répond "Seuls les dollars mènent à Rome". L'argent est sa seule source de motivation, on comprend ainsi, au fil de l'histoire, qu'il méprise les gens sans distinction et qu'il ne veut que PERSONNE d'autre que lui ne réussisse (pas même son "fils").
Le film porte, avec une histoire du début du 20ème siècle, un regard plein de lucidité sur la société du 21ème. Plainview, c'est un trader avec les mains sales. L'argent est roi, la famille on s'en fout (sauf si elle peut nous aider à.....gagner de l'argent), et la religion n'est qu'une grande mascarade (je suis assez d'accord avec ce point là).
Pour mettre en scène cette sombre histoire, Paul Thomas Anderson sort l'artillerie fine. Moins virtuose que d'habitude, il s'intéresse ici beaucoup plus à la psychologie de son personnage. La camera bouge moins, mais du coup, les valeurs et la composition des plans prennent toute leur importance (voir la scène sur la plage avec son "frère"). L'utilisation de la musique est, elle aussi, phénoménale. En faisant appel à Johnny Greenwood (Radiohead), Anderson à eu du flair. Ici, pas de thème, pas de mélodie, mais plutôt des "sons" et des rythmes ; angoissant, planant, stressant, toujours au service d'une émotion, pas toujours en rapport avec ce qui se passe à l'image d'ailleurs. Le premier plan du film est un bel exemple de cette utilisation désaxée de la musique. Sur une image fixe de désert, un son crescendo (ressemblant à une alerte à la bombe) commence par vous titiller l'oreille jusqu'à vous exploser le tympan. Résultat, on angoisse devant un magnifique paysage qui sera dorénavant le théâtre des atrocités perpétrées par le charmant Daniel Planview.
Je pourrais continuer longtemps en vous parlant de la scène de l'explosion d'un derrick ou encore de la fin mémorable du film mais je préfère vous laisser découvrir le reste de ce chef d'œuvre par vous même et finirai, comme Plainview par un....
I'M FINISHED !