J'ai mis du temps à me faire une idée de ce film. Comme j'ai mis du temps à me décider de le regarder ! Quand je l'ai vu, je l'ai trouvé long. C'est sûr qu'il prend son temps. J'ai voulu m'arrêter au bout d'une heure, puis deux, mais impossible. J'étais tiraillé : est ce que j'aimais ce que je voyais ou pas? Bien qu'après le générique final j'étais sceptique, avec du recul, oui j'ai aimé ce film!
Attention, je vais divulgacher.
J'étais sceptique parce que mon espoir d'une rédemption du protagoniste principal (porté par un Daniel Day-Lewis magistral) a été frustré. J'étais sceptique parce que j'ai ressenti un énorme gâchis : "tout ça pour ça!" m'étais-je dit ! J'aurais aimé le voir changé, sauvé par la grâce divine. C'est le temps qui m'a finalement révélé l'essentiel dans ce film : le personnage de Daniel Plainview, comme un être incapable d'orienter son désir et qui dans son hybris détruit tout ce qui pouvait le sauver. Cette tragédie m'était insupportable parce que j'étais attaché à ce personnage. J'ai fait l'erreur d'attribuer ma frustration au fait que le film était mauvais. Mais c'est tout l'inverse.
Ce film m'a fait réfléchir sur ma propre condition. Spinoza disait que "le désir est l'essence de l'être", et dans ce film j'ai vu à quel point le désir peut donner de la force et que désirer des choses qui ne nous grandissent pas peut nous détruire à l'instar de Daniel Plainview.
Je ne lui accorde pas dix étoiles car une rédemption du protagoniste principal aurait été un spectacle exaltant ! C'est cependant un très bon film que je vous conseille tous de voir, armés de patience, mais le voyage en vaut le coup !