Derniers feux du réalisme poétique cher à Carné
Bien sûr comme toute adaptation il y a des aspects de l'histoire originelle qui sont sacrifiés. J'ai lu Thérèse Raquin plusieurs fois. J'ai vu Thérèse Raquin plusieurs fois. Les différences sont évidentes.L'aspect psychologique et obsessionnel de leur culpabilité peu abordé par Carné à l'écran. Cependant, ce film reste, pour moi, un des meilleurs du réalisateur et le meilleur de sa période d'après guerre (n'ayant pas vu "Les Tricheurs" et "Les Portes de la nuit"). Tous les codes du cinéma "réaliste" d'avant guerre impregnent l'adaptation et la mise en scène. Et c'est une réussite de ce point de vue là au niveau de l'atmosphère et du jeu des acteurs, tous superbes: Signoret, Vallone, Jacques Duby et, surtout, l'impressionnante Sylvie, qui excelle tant dans l'emphase que suppose son rôle de mère toute puissante que dans le mutisme, jouant de ses regards lourds de sens, quand elle reste paralysée par le choc de la mort de son fils..
Comme le dit Patrick Brion, ce film est le dernier représentant du cinéma d'hier (le réalisme poétique), car après Thérèse Raquin, ce cinéma ne fera plus recette et n'aura plus de digne représentant. Le cinéma évolue comme la société d'après guerre évolue: le chemin vers une nouvelle vague...1953, fût une année charnière... Mais c'est une autre sujet.