À moins d’être fan absolu de Terrence Malick, il y a peu de chance que le nom de Saar Klein ne vous dise quelque chose. Celui-ci est en effet plus connu en tant que monteur, poste pour lequel il a été nominé deux fois aux Oscars, dont une pour La Ligne Rouge, chef d’oeuvre du genre s’il en est. Le voici désormais derrière la caméra, avec Things People Do, pour lequel il a également endossé la casquette de scénariste. Des techniciens qui passent à la réalisation, il y en a foison, avec plus ou moins de succès. Metteur en scène est un métier qui ne s’improvise pas, et des scories apparaissent bien trop souvent dans les copies de ces curieux qui ont voulu s’essayer au rôle de calife à la place du calife. C’est d’ailleurs le cas ici.
L’Adversaire Américain
Pour son premier essai, Klein a décidé de pointer du doigt le manque de valeurs lié au rêve Américain et à sa façon de vivre. Son héros, Bill Scanlon, est le parfait exemple de réussite venu du pays de l’oncle Sam, ce que l’on appellerait là-bas l’upper middle class, la classe moyenne aisée. Sauf que le rêve va tourner au cauchemar suite à son licenciement, et Scanlon va devoir alors faire un choix entre conserver son mode de vie pour sa famille, ou garder ses principes moraux plutôt rigides. On pense à L’Adversaire, avec Daniel Auteuil, et c’est un peu le cas ici, avec en prime une tentative de réflexion sur la place des valeurs dans une vie.
Wes Bentley, qui jouait le voisin voyeur et légèrement inquiétant dans American Beauty, autre film sur la face sombre du rêve Américain, est parfait dans ce rôle de mari à la dérive se laissant entraîner dans la spirale de l’échec et de la criminalité. Si sa prestation est bonne son personnage, lui, peine à attirer la sympathie. Trop froid, trop lisse, il lui manque ce petit quelque chose qui fait que le spectateur va s’attacher à lui. Du coup, on observe un peu les péripéties s’enchaîner et cette lente montée en régime, très bien maîtrisée par ailleurs, sans vraiment se sentir concerné.