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Thrist : Quand passion dévorante et appétit font bon ménage

Tout le monde a en mémoire le film qui consacra Park Chan-wook en 2003, le sublime Old Boy, thriller inoubliable à qui Cannes décerna en 2004 le Grand Prix (d'aucun disent que la Palme d'or eut été plus méritée, le jury présidé par Tarantino lui ayant préféré Fahrenheit 9/11). Depuis, le cinéaste sud-coréen il faut l'avouer cumule les déceptions : sa trilogie sur la vengeance s'est achevée avec peu de panache (Lady Vengeance) et son essai avec la caméra HD Viper Film Stream s'est avéré peu concluant (Je suis un cyborg). Avec Thirst, ceci est mon sang, la page des égarements semble néanmoins se tourner même si l'on est encore loin de la maestria des débuts.

Il est question ici d'un homme d'Eglise qui devra faire face autant à sa passion dévorante pour une jeune femme qu'à ses appétits soudains pour le sang humain depuis qu'un virus l'a transformé en vampire : manger ses ouailles, ce n'est en effet pas très catholique. Un sujet qui nous rapproche donc des thématiques qu'aime explorer Chan-wook, ce dernier ayant à maintes reprises confronté ses protagonistes à des dilemmes d'ordre moraux. On pourrait d'ailleurs s'en étonner car les créatures de la nuit sont rarement réputées pour s'encombrer d'éthiques communautaires et religieuses. Chez Chan-wook pourtant, le vampire ne dispose pas de longues canines et ne semble pas importuné par les lieux saints. Tout au plus se nourrit-il uniquement de sang et craint la lumière du jour. En découle un mythe bousculé et transgressé, la mutation ne changeant en rien la nature humaine, mais permettant au contraire de la révéler.

Tout le brio du scénario réside donc dans le clivage qui naîtra entre le prêtre et sa compagne nocturne, l'un attaché plus que jamais à son essence profonde, l'autre en étant définitivement libérée. Leur jeu macabre déteint sur la sensualité et l'érotisme des premiers instants pour laisser place à l'horreur, la culpabilité, et l'amour subversif.

Film virtuose qui n'a pas son pareil pour créer des tensions antinomiques, l'esthétisante approche des moments les plus anodins renforce l'impression de maîtrise et confère à l'ensemble une modernité visuelle troublante et galvanisante, aux frontières de l'irréel et de l'indicible. Et pourtant, la multiplication d'effets de style semble trahir une incapacité à maintenir une tension parfaitement installée dans le premier tiers, et l'intrigue, trop étirée, peine à trouver son second souffle jusqu'au finale, de toute beauté. Une conclusion dantesque et anthologique qui justifie certains égarements mais ne les pardonne pas complètement. C'est peut-être là que l'on pourrait déceler l'unique faiblesse de Chan-wook, son incapacité à discerner le nécessaire du superflu, le besoin d'éblouir et celui de narrer. Son retour en forme fait toutefois plaisir à voir, car c'est le spectateur qui toujours y gagne.

Créée

le 20 mai 2012

Critique lue 369 fois

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Kelemvor

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