J’ai beaucoup aimé les Park Chan-Wook que j’ai pu voir jusqu’ici mais les visionnages datent un peu, du coup mes certitudes sur le réalisateur s’estompent au fur et à mesure que je cerne davantage ce qui me plaît dans le cinéma. Et je dois dire que Thirst m’a beaucoup moins parlé que ses autres films. On retrouve ici une esthétique très stylisée à la limite du tape-à-l’œil par instants, ce que je trouve d’ailleurs un peu laid. Mais d’un autre côté, on sent quand même toute la virtuosité de Park Chan-Wook qui confère une ambiance toute particulière à Thirst. Les séquences dans l’appartement peint tout en blanc à la fin sont notamment assez marquantes avec une violence qui est tout sauf édulcorée (ça change quand même bien de Twilight). Nous avons donc le droit à un film qui ose à la fois dans la mise en scène mais aussi sur le fond.


La relecture du mythe des vampires est vraiment intéressante et le film appuie volontiers sur cette fascination sexuelle caractéristique du mythe. Et c’est appréciable qu’un cinéaste s’attèle sur cet aspect, sur cette attirance de la chair qui rend le film foutrement érotisant. Mais je dirais que le gros point noir du film est son rythme cruellement saccadé qui impacte négativement toute la tension de Thirst. L’intensité de certains passages contraste justement avec des séquences plus anodines qui traînent en longueur, qui ne sont pas forcément nécessaires au récit. Je précise que j’ai vu la Director’s Cut mais pour le coup, je me demande si je n’aurais peut-être pas préféré la version plus raccourcie. Je serais curieux de voir ce qui a pu être coupé.


Enfin dans l’ensemble on a quand même un film plaisant même si je le trouve bien mou par instants et brillant que par intermittences. Et Song Kang-Ho prouve une fois encore qu’il est sûrement l’un des meilleurs acteurs sud-coréens de sa génération si ce n’est le meilleur au vu de son aisance à incarner des rôles très variés. Le film est peut-être un peu trop long au vu des enjeux avec une répétitivité des scènes parfois de trop. Je pense notamment aux séquences avec le noyé qui virent un peu trop dans le guignolesque à mon sens. Bon en tout cas, on ne pourra pas reprocher à PCW d’oser, d’innover, de tenter. Même si pour ma part, tout ne fonctionne pas. Un film atypique. Je peux comprendre qu’on puisse adorer mais ce n’est pas mon cas, je ne me sentais peu impliqué en fin de compte. Par contre la fin est très belle.

Moorhuhn
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de vampires et MMXV

Créée

le 3 juil. 2015

Critique lue 247 fois

2 j'aime

1 commentaire

Moorhuhn

Écrit par

Critique lue 247 fois

2
1

D'autres avis sur Thirst, ceci est mon sang

Thirst, ceci est mon sang
Rawi
8

Assoiffé d'amour

Pour que les choses soient claires, je vais ici chroniquer non pas la version cinéma mais la version longue inédite disponible en bonus sur le BluRay. Enrichie d'un quart d'heure de scènes...

Par

le 23 mars 2014

43 j'aime

Thirst, ceci est mon sang
takeshi29
8

Quand Park Chan-Wook sera vieux...

Comme très souvent, Park Chan-Wook est à deux doigts du très très grand film, et comme souvent il fait dans la surenchère et son côté outrancier domine pendant une bonne partie de ce "Thirst". Quand...

le 17 juil. 2011

43 j'aime

7

Thirst, ceci est mon sang
Sergent_Pepper
5

Gore, île dans la brume

Quand Park Chan-wook s’attaque aux vampires, le programme est forcément alléchant pour tout amateur du cinéaste. Le début du film met en place un univers fascinant, placé sous le règne du blanc : du...

le 5 mars 2014

38 j'aime

15

Du même critique

Monuments Men
Moorhuhn
3

George Clooney and Matt Damon are inside !

Ma curiosité naturelle, mêlée à un choix de films restreint sur un créneau horaire pas évident et dans un ciné qui ne propose que 10% de sa programmation en VO m'a poussé à voir ce Monuments Men en...

le 13 mars 2014

62 j'aime

7

Eyjafjallajökull
Moorhuhn
1

Eyenakidevraiharetédefairedéfilmnull

J'imagine la réunion entre les scénaristes du film avant sa réalisation. "Hé Michel t'as vu le volcan qui paralyse l'Europe, il a un nom rigolo hein ouais?", ce à quoi son collègue Jean-Jacques a...

le 23 oct. 2013

61 j'aime

6

Koyaanisqatsi
Moorhuhn
10

La prophétie

Coup d'oeil aujourd'hui sur le film Koyaanisqatsi réalisé en 1982 par Godfrey Reggio. Point de fiction ici, il s'agit d'un film documentaire expérimental sans voix-off ni interventions, bref un film...

le 1 mars 2013

57 j'aime

12