Démo crasse scie la non-culture.
Il est toujours marrant d'entendre parler des USA comme la "plus grande démocratie du monde". Paraît-il que, parce que l'on peut hurler "mort aux juifs !" dans la rue en toute liberté, nous atteindrons alors le summum de ce système politique.
Sauf qu'il n'y a évidement rien de "démocratique" dans une telle attitude.
La démocratie est un système politique qui permet au peuple de trancher pour telle ou telle décision, laissant à l'occasion ses représentants le faire à sa place. L'idée est que le peuple est le plus à même de prendre une décision pour l'intérêt général, c'est à dire pour tous les citoyens et non à la faveur de certains, appelés "intérêts particuliers".
Si la liberté de conscience est respectée (vous avez le droit de penser que tous les juifs doivent crever), il n'en reste pas moins que l'exprimer sur la place publique est un trouble à l'ordre public et qu'il doit être sanctionné en tant que tel. Et on remarquera que cela n'a rien à voir avec un mode de décision quelconque, axe fondamental de la démocratie.
Ce documentaire montre très bien que les USA ont encore énormément de parcours avant d'être une démocratie exemplaire.
A travers une série d'interviews et une, comment dirais-je, "enquête policière" quelque peu maladroite (même si l'idée est bonne en soi), il met en exergue un des problèmes majeurs aux USA, où les majors exercent un vrai droit de vie ou de mort, via un système de notation complètement arbitraire, sur la production cinématographique.
Il apparaît alors clairement que ces entités peuvent en toute impunité, et au nom d'une guerre fallacieuse contre les "artifices du cinéma", exercer une censure à la fois économique et morale, sans le moindre contrôle et avec un système d'appel complètement fantoche (les membres de la commission d'appel sont des membres en lien très serrés avec l'industrie du cinéma). Cet étalage de mauvaise foi de la MPAA est bien mis en avant.
Alors on peut se poser la question du point de vue. Il est évident que l'auteur ne joue pas sa vie, d'ailleurs il a bien fallu qu'il présente son film à la MPAA.
Conflits d'intérêts (il est évident que la MPAA est un instrument des majors pour flinguer la concurrence, eux qui sont pourtant les chantres de la concurrence libre et non faussée quand ça les arrange), opacité (impossible de connaître les gens de la commission sous prétexte de les protéger des pressions), pseudo-représentativité (les personnes présentes aux diverses commissions sont-ils vraiment représentatifs "des parents", comme ils le prétendent ? C'est loin d'être évident. Sans oublier la présence de clercs uniquement chrétiens lors des votes - clercs qui n'hésitent pas à mentir en plus...), la remise en question de ce système vaut son pesant de cacahuètes.
Après, nous pourrons toujours penser que c'est "subjectif". Mais évidemment ! Ce sont toujours des points de vue qui s'affrontent, et l'esprit critique doit faire le reste.
Et on s'en fout un peu (même beaucoup) des détectives qu'il a rencontrés avant de choisir la personne qui va le suivre tout du long. Ou alors, sur cette pantalonnade où l'on prend en filature les membres de la commission, moments qui font un peu too-much. Par ailleurs, y-avait-il besoin de mettre du sexe, du sexe, du cul et encore du sexe ? Bon, je n'ai pas de problème avec ça, et il est vrai que finalement, cela reste logique puisque c'est visiblement ce qui pose un problème majeur à Valeti et ses comparses.
Enfin, je pense qu'une "vraie infiltration" aurait été peut être plus intéressante que simplement effleurer les membres de la commission.
Cela reste tout de même un documentaire très intéressant, qui met en perspective le lobby des majors hollywoodiennes et leur main-mise sur la vie culturelle de leur pays. Or, si je me souviens bien, une des preuves de la vitalité de la démocratie, c'est la diversité culturelle... Une bien belle, si j'ose dire, faille dans la soit-disante plus grande démocratie du monde...