Thor et l'énigme du cadre penché
Lors de mon premier visionnage du film en salle en 2011, je dois avouer que je n'avais pas été convaincu du tout. Mais suite à l'écoute sur Spotify d'un des morceaux de "Thor: Le Monde des Ténèbres", et l'ayant vraiment trouvé excellent, je me suis dit que j'allais voir ce second volet, mais comme je suis maniaque j'ai décidé de revoir aussi le premier. Autant dire que j'ai bien fait puisque mon avis au final change sur ce dernier.
Ce qu'il faut bien se mettre en tête avant de voir "Thor" (ce que je n'avais pas fait en 2011), c'est qu'avant d'être un super-héros, l'histoire du comics veut qu'il soit bel et bien le célèbre dieu Asgardien, et non pas l'élément principal d'un curieux mélange de mythologie scandinave et de culture geek. Non, nous avons ici un dieu qui va devenir un super-héros suite à son exil sur Terre. Dès lors que l'on admet cela, le film s'avère il faut l'avouer, bien plus cohérent.
Cependant cette interprétation n'excuse en rien les erreurs que le métrage fait bien trop souvent.
Qu'est-ce que c'est l'histoire de "Thor" finalement, et bien c'est une réplique plus ou moins subtile d'une tragédie Shakespearienne. La dualité de deux frères et la quête de reconnaissance envers leur père, et bien entendu une histoire d'amour impossible. Après tout, il s'agit-là d'un pitch tout à fait convaincant et intéressant, malheureusement Kenneth Branagh ne fait pas les choix les plus judicieux qui soient pour raconter cette histoire, même si on peut tout de même lui accorder d'avoir un certain regard d'auteur sur cette dernière. A l'instar des autres films Marvel qui envahissent les salles de cinémas depuis quelques temps, "Thor" est flanqué d'un humour gras, lourd et finalement sans intérêt. L'arrivée du héros sur Terre a tout d'une mauvaise parodie des "Visiteurs", la confrontation des deux univers peut faire sourire, mais elle s'avère très balourde. Heureusement qu'il ne s'agit-là que d'un court passage, le film gagne en profondeur ensuite. Lorsque Chris Hemsworth commence à dévoiler quelques facettes de jeu intéressantes, notamment celle du héros désemparé. L'acteur n'a pas un charisme phénoménal comme beaucoup aiment le prétendre, mais il faut avouer qu'il s'avère juste dans la peau de super-héros.
Natalie Portman quant à elle ne joue pas ici le rôle de sa carrière, récemment oscarisée à l'époque pour son interprétation exceptionnelle dans "Black Swan", elle ne semble présente ici uniquement pour apporter du crédit au film grâce à son nom sur l'affiche.
Côté technique le film est beau, les effets-spéciaux sont réussis et Asgard s'avère très convaincante, loin de l'idée que l'on aurait pu se faire si on se réfère seulement à la mythologie nordique, mais finalement cohérente. La musique de Patrick Doyle est également de très bonne facture. Seule la mise en scène s'avère très très bancale. Oscillant entre des plans magnifiques, et d'autres qui viennent pénaliser la structure visuelle du film dans l'exploitation des décors, notamment à cause de cette sale manie de Branagh de faire pencher son cadre, choix assez incompréhensible et résolument très laid.
Maladroit mais divertissant et plutôt beau malgré quelques points noirs notables, ce "Thor" s'avère être un film de super-héros particulier, pas marquant mais qui vaut son pesant de pop-corn à défaut d'être vraiment pertinent.