Sur la vague de la Sword and Sorcery...

Suite à l'immense succès de Conan le Barbare, réalisé en 1982 par John Milius, on a rencontré une immense prolifération cinématographique tournant autour du genre de Robert E. Howard : la Sword and Sorcery. C'est ainsi qu'est nait quelque vingtaine (si ce n'est plus - mes connaissances sont assez limitées sur ce sujet) de petits Conan, plus ou moins réussi. Mais malheureusement, dans l'ensemble, le résultat était, au mieux, limite.
Thor le Guerrier, sorti en 1983 et réalisé par Tonino Ricci, n'échappe pas à cette règle.

Nous suivons donc les périples de Thor dans sa quête pour retrouver, au nom de son dieu, de la semence permettant aux Hommes de pouvoir se nourrir.
Pas plus de spoil.

Donc... Thor le Guerrier. Très franchement, ce film respecte - et c'est assez compliqué de se tromper sur ces éléments - plutôt bien, si ce n'est parfaitement, l'archétype de la Sword and Sorcery : le héros musclé au possible - dont les parents ont été tué par le grand méchant - et qui cherche à se venger, la "demoiselle" ultra sexy, l'unique protagoniste employant la magie, ... Et sincèrement, il faut avouer que l'intrigue principale est également de bonne facture : l'idée de prendre un héros pour rechercher de quoi nourrir les êtres humains est une idée très rafraichissante pour ce sous-genre de la Fantasy. Néanmoins, si ce film propose des idées scénaristiques intéressantes et plus ou moins innovantes, autant dire qu'il vient s'échouer lamentablement au pied du podium des classiques par divers points.

Les personnages et les acteurs. De mémoire, il s'agit du premier film de Sword and Sorcery que j'ai vu où les différents protagonistes ne parlent quasiment pas. Mais les quelques dialogues sont à se frapper le front : alors, est-ce voulu avec l'univers ? En tout cas, cela ne ressemble en rien avec l'idée que je me fais de la Sword and Sorcery, la plupart des propos sont assez sexistes en plus d'être très maladroit ; pour ce film, la figure féminine ne sert qu'au plaisir de l'homme et est qualifiée de stupide. Pour un univers littéraire et cinématographique proposant en général des figures féminine forte et combattante, Thor le Guerrier se foire énormément, préférant reconnaître la femme comme un objet et une esclave (la plupart du temps).
Outre les dialogues, le jeu d'acteur est plutôt correct même si énormément de scènes sont juste invraisemblables : les réactions ou les comportements sont soit disproportionnés soit inexistants.
J'aimerai tout de même attribuer une mention au sorcier qui a recueilli Thor. En effet, ce personnage est intéressant dans sa manière d'appartenir à l'histoire : il en est le narrateur tout en étant un des acteurs, ce qui le rend assez mystérieux.

Pour ce qui est des effets spéciaux, on est limite. Les téléportations sont assez rudimentaires mais se révèlent les seuls tours de passe-passe à fonctionner réellement. Les transformations sont un peu laborieuses et certaines fois exagérées. Mais on atteint le fond avec la présentation d'esprits fantomatiques venant perturber Thor durant son sommeil : c'est catastrophique. Là où les esprit de Conan le Barbare m'avaient impressionné, ici, ils se contentent de rester statiques, immobiles, ...
Les maquillages et les blessures demeurent également l'élément le plus marquant et intéressant de cette catégorie.

Pour les combats, c'est... nul. Les chorégraphies sont inexistantes, les enchainements sont plus que mous, les bruitages attribués au choc entre les armes sont à mourir de rire tant ils sont parodiques, ... Cependant, on a le droit à un ou deux combats plutôt mémorables mais de courtes durées.

Pour les paysages, on reste sur du très basique. Rien à dire.

Les musiques sont sympathiques mais ne parviennent pas à nous immerger plus que ça dans l'univers de Thor.

Thor le Guerrier propose donc une histoire plutôt plaisante mais tout le travail de réalisation, montage, ... est si bancal que cela ruine absolument tout le film qui avait pourtant d'excellente idée ; la morale de fin est par ailleurs très intéressante. Ce qui rabaisse ce film au rang de "nanar" sont les mimiques, les combats, les effets spéciaux, les diverses réactions, ... Et c'est franchement dommage quand on voit l'effort mis en œuvre pour nous divertir.
Néanmoins, ce film demeure un des (mauvais ?) piliers de la Sword and Sorcery et mérite une certaine attention, ne serait que pour constater l'évolution qu'il y a eu entre les différentes créations mettant en scène ce sous-genre.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !