1949: la guerre civile s'achève et la Chine se redresse peu à peu. Maintenant qu'il ne reste plus rien entre le Parti Communiste et le pouvoir, il faut imaginer un avenir pour cette nation nouvelle dont l'empereur a été déposé. Le président Mao Zedong, dirigeant du parti communiste l'a décidé: la nouvelle république sera proclamée sur la place Tiananmen, devant la Porte de la Paix Céleste par laquelle les empereurs de jadis se rendaient à la Cité Interdite. Un groupe de jeunes soldats de l'Armée Populaire est choisi pour préparer et décorer le lieu où naîtra donc la République Populaire de Chine.
Tout est affaire de symbolique dans ce film: la porte monumentale représente le passé de la Chine, poussiéreux mais grandiose, et de jeunes communistes convaincus viennent "donner un coup de peinture". Conserver le passé et se projeter dans l'avenir. C'est cette dialectique historique qui est au cœur de la relation entre l'artisan lanternier Mr Ling, qui a travaillé toute sa vie pour la famille impériale, et les soldats. Comment concilier le radicalisme de la pensée communiste qui englobe tout et veut tout changer, avec la tradition chinoise plurimillénaire et les valeurs de transmission et d'ordre qu'elle porte en elle ?
Si la critique du film à l'encontre de l'ère impériale reste mesurée (inégalitaire, dépassée, etc), la vision du communisme triomphant l'est moins. Mention spéciale à l'apparition christique de Mao devant un peuple en liesse, dans un mélange de scènes d'archive et de scènes fictionnelles plutôt réussi. Est-ce que l'engouement populaire est exagéré ? Je pense au contraire que c'est une représentation fidèle de l'effet qu'un leader charismatique (pour reprendre les termes de Max Weber) peut avoir sur les masses.
En dehors de la victoire du communisme, le film rend hommage aux artisans, aux petites mains qui construisent toutes les grandes nations et que l'histoire peut oublier mais dont la trace perdure parfois. Le final est d'ailleurs plutôt émouvant et conclue avec une douceur nostalgique.