L'affiche laisse penser à une comédie américaine avec Eddy Murphy typique des années 80... alors qu'il s'agit d'une comédie satirique gonflée à bloc sur les stéréotypes racistes qui peuplent l'industrie cinématographique concernant les afro-américains, réalisé et interprété par Robert Townsend. La référence à Murphy étant d'ailleurs explicitement inscrite sur l'affiche française de "Hollywood Shuffle", et un running gag présent dans le film.
Bobby Taylor est un jeune homme qui travaille comme vendeur de hot-dogs mais qui aspire à une carrière d'acteur à Hollywood : pour l'instant, il reste bloqué aux incarnations affreusement racistes et cliché, des rôles qui le renvoient en l'enferment malgré lui dans sa condition d'homme noir. Ainsi "Ticket pour Hollywood" consistera essentiellement en ses combats, traités de manière plus ou moins réalistes et dramatiques, mais toujours sous l'angle de la comédie franche : il doit gérer son insuccès auprès de sa famille (il entretient des relations très contrastées avec sa mère bienveillante et sa grand-mère très critique), il doit supporter les remarques sarcastiques de ses collègues, et il doit lutter au quotidien sur les plateaux pour échapper aux personnages de type gangster, esclave ou plus généralement "type Eddie Murphy", convaincu que ses talents vont bien au-delà.
C'est donc avec beaucoup de second degré que Townsend acteur-réalisateur traite de l'impossible équation qui se pose à lui, à savoir se conformer à un milieu profondément structuré par des automatismes racistes sans pour autant se compromettre de manière trop dégradante. La fameuse position bancale, trop noir pour son producteur, pas assez par des associations de défense des droits sociaux : une forme de schizophrénie induite qui le pousse à faire des rêves et des cauchemars aussi drôles que pertinents ou angoissants, impliquant des clones d'Eddie Murphy ou encore une école du "Black acting" dans laquelle des professeurs blancs apprennent à des acteurs noirs comment se comporter comme des "vrais" noirs (démarche, mouvement d'yeux, et pieds qui traînent — d'où le titre original).
Anecdote pas inintéressante : un film tourné en 14 jours répartis sur 3 ans pour mois de 100 000 dollars.