Ça vous est déjà arrivé d’aimer un acteur/actrice et d’aller farfouiller dans sa filmographie d’avant / après sa période de succès, de voir qu’il/elle a fait plein de films de seconde zone sans doute pas terribles et de vous dire « Allez, j’en tente quelques-uns » ? De les regarder, de constater que votre impression était la bonne et que, effectivement, c’était pas terrible, voire bien pourri ? C’est ce qu’il s’est passé avec ce Tiger Angels (1997), arborant fièrement sur sa jaquette Yukari Oshima et Cynthia Khan, deux noms que tout amateur de girls with guns made in Hong Kong connait forcément, et même un Billy Chow qu’on connait pas avare en gros kick dans la gueule. Ça vend du rêve pour qui aime tous ces kung fu polars féminins qui ont débarqué à Hong Kong à la fin des années 80/début 90, même si le connaisseur sait pertinemment que le genre est mort et enterré à la fin des années 90 et que les bobines du genre qui sortent encore sont souvent des productions fauchées taïwanaises qui ne valent pas grand-chose. Vous l’aurez compris, Tiger Angels ne déroge pas à la règle.


La mode des titres arborant le mot « Angel » ne semble pas avoir de limite à Hong Kong et 10 ans après le Angel de Teresa Woo/Ivan Lai sortait donc Tiger Angels, tentant de surfer encore sur la mode passée des Angel. A la barre de la chose, on retrouve le tâcheron Sek Bing-Chan dont les films les plus mémorables sont le correct Out Bound Killing (1994) et le très très moyen Rape in Public Sea (1993). A l’instar du lamentable Yes Madam 5 (1996) qui, 20 ans après son visionnage, me reste toujours en travers de la gorge, Tiger Angels faisait envie sur le papier. Oui, avec Cynthia, Yukari et Billy en gros sur l’affiche, on est en droit de se dire que le film devrait au moins un minimum cartonner. Surtout que la première baston ne tarde pas à arriver avec une Yukari qui se fait agresser par une 10aine de types armés de bâtons et autres gourdins et qui va leur faire passer l’envie de l’emmerder. Le montage est un peu hasardeux, les chorégraphies peu évoluées mais sympathiques. Pourquoi ils l’attaquent ? on ne sait pas, mais ce combat nous met l’eau à la bouche car il ne s’en sort pas trop mal. Puis l’histoire se met en place, et là, c’est le drame. On n’y comprend pas grand-chose. L’intrigue est assez obscure. Il y a plusieurs sous-intrigues qui s’emboitent tant bien que mal avec un PDG de magasin qu’on tente d’enlever, sa femme qui est plus intéressée par acheter tout ce qui lui plait, un vendeur d’ordinateur qui est le sosie du fils du PDG, une société d’application de rencontre, un des sosies qui tente de récupérer sa femme, des voyous, un problème de jeu, … Bref, c’est un bon gros bordel, on n’y comprend pas grand-chose, mais surtout, on ne fait aucun effort pour y comprendre quoi que ce soit tant c’est chiant et rempli de scènes dont on se fout éperdument.


Nos personnages font une partie de bowling, se font un repas où ça discute de tout et de rien, font leur shopping en accéléré façon Benny Hill (avec petite musique enjouée et tout), des scènes de drague un peu pourries, des blagues dans un magasin de lingerie. Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit. Tiger Angels n’est pas un girls with guns, c’est une comédie romantique bidon, même pas amusante, dans laquelle sont venus se glisser quelques rares combats. Oui, cette affiche qui nous a mis l’eau à la bouche est parfaitement mensongère et, une fois de plus, je me suis fait avoir. Yukari Oshima et Cynthia Khan semblent être les stars du film si on en croit la place qu’elles occupent sur l’affiche, alors qu’au final la première doit être présente 10 minutes, et la deuxième à peine cinq. Quant à Billy Chow, il vient faire acte de présence 3 minutes pour toucher son chèque. Quel gâchis ! Ils ne sont là que pour amener le strict minimum en termes d’action et c’est dommage car, bien que les combats aient parfois l’air d’avoir été faits à l’arrache, ils sont plutôt agréables, avec un caméraman qui tente quelques effets de style, et même des plans cassés. Les scènes d’action sont malheureusement courtes et, au final, sur 1h30 de film, seules 10 minutes sont consacrées à l’action, le reste n’étant qu’une comédie pseudo romantique aux gags éculés. Tiger Angels est un film assez étrange. On a presque l’impression qu’il s’agit de deux films en un comme à la belle époque de Godfrey Ho. Parce que lors des scènes d’action, les bandes noires en haut et en bas de l’écran sont bien plus imposantes que pour le reste du film. On a vraiment l’impression que ça a été tourné séparément, même pas au même format, et qu’ils ont collé les bouts tant bien que mal après coup. Et puis on se pose la question : Pourquoi ce titre ? Si ce n’est pour surfer sur une ancienne mode pour faire du pognon rapidement ? Oui, voilà, c’est sans doute pour ça. Une chose est sûre, dur dur la fin de carrière de certaines stars du girls with guns, dur dur…


En voulant nous faire croire qu’il est un girls with guns à gros casting, Tiger Angels nous ment sur la marchandise et se révèle au final être un bien beau ratage. Cette sous production taïwanaise ne vaut le détour que pour ses rares scènes d’action. Et encore…


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 24 mars 2022

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