Dès la scène d'ouverture, le décor est posé. L'image sera froide, urbaine, les combats seront brutaux, les coups feront mal, les gunfights seront explosives et sanglantes, la police ne fera pas dans la dentelle.
Bref, pour un peu, on se croirait dans un croisement survolté entre le polar italien musclé façon Rome Violente - les méthodes de Maurizio Merli n'auraient pas dépareillé dans cette brigade hongkongaise anti drogue - et la belle époque de John Woo, celle du Syndicat du Crime 2, Une Balle dans la Tête, et autre The Killer, les ralentis en moins.
Car n'oublions pas que ça reste un film de Yuen Woo Ping, l'un des maîtres chorégraphes du cinéma HK seconde génération. Et si trouver un polar noir dans sa filmographie peut surprendre de prime abord, on se rappellera du ton de ses comedy kung fu, la noirceur qui habite la plupart de ses films, sa propention à faire souffrir ses héros, tuer les innocents, contrebalancée la plupart du temps par une dimension comique bien grasse.
Mais ici, la comédie n'apparaît qu'à l'état de trace, dans les quelques pitreries de Jacky Cheung et sa tête à claque, et quelques moments de romance viennent alléger l'ambiance uniquement pour mettre d'autant plus en exergue la noirceur implacable de ce polar.
Trafic de came à grosse échelle, trahisons, flics ripoux, meurtres de sang froid, duels d'une violence extrême où la survie ne tient qu'à un fil, le film maintient une tension permanente car personne n'est à l'abri.
Et on craint autant pour les personnages que pour les cascadeurs car chaque coup porté semble faire de vrai dégats.
Bref, tant pour son coté implacable que pour son coté atypique au sein de la filmographie du maître, il faut voir Tiger Cage.